Bruno Sachs est un singulier médecin: il montre de l'empathie et de la compassion pour ses patients. Cet homme sombre et taciturne semble accablé, tout au moins ému, par le récit des turpitudes ou tourments des malades.
Le film de Michel Deville n'est sans doute pas un anecdotique et réducteur traité de déontologie qui fustigerait le corps médical. Il n'est pas non plus le portrait édifiant d'un homme d'exception. Il est, de façon plus précise, le portrait d'un homme qui, de par son métier, subit de plein fouet la misère humaine et l'assimile. Au cabinet de Sachs se presse la France profonde, celle des braves gens et des imbéciles. Et ce défilé -car on résumera la mise en scène à une succession de consultations- n'est pas sans cocasserie, que déterminent les astuces de la réalisation et, surtout, les comportements courants face au docteur.
Michel Deville renvoie le spectateur à son rapport avec la médecine et ce n'est pas toujours triste. Moins légèrement, le cinéaste, à travers l'altruisme de Sachs, oblige la plupart d'entre nous à considérer notre égoisme, notre indifférence aux autres. Le film est original, surprenant et Albert Dupontel y fait une composition remarquable. Son personnage aiguise la curiosité; il est en somme, parmi tous les patients et malades du film, le principal d'entre eux.