Scénarisé par Dardano Sacchetti et Elisa Briganti, alors en couple, Manhattan Baby (aka La Malédiction Du Pharaon) est avant tout un hommage au célèbre roman Rosemary's Baby, rédigé par Ira Levin en 1966 et adapté au cinéma par Roman Polanski en 1968. Une œuvre que le duo de scénaristes italiens vénère au plus haut point.

Le titre original étant déjà un clin d’œil peu subtil au roman précité, le script de Manhattan Baby ira jusqu'à nommer l'un des protagonistes Adrian Marcato, fils du sataniste Steven Marcato dans Rosemary's Baby. L'occultisme étant le cœur du sujet des deux longs-métrages (avec une symbolique appuyée sur la perte de la foi religieuse dans le Polanski), Manhattan Baby opte pour la traditionnelle malédiction suite à une violation de sépulture égyptienne. Et quitte à plagier certains longs-métrages à succès (L'Exorciste, Audrey Rose...), quoi de mieux que de faire subir cette malédiction à une fillette pure et innocente, victime d'une puissante possession occulte ?

Archéologue, George Hacker est mystérieusement devenu aveugle après avoir pénétré dans un temple égyptien pour y examiner une tombe inexplorée. Au même moment, dans les rues du Caire, sa fille Susie se voit offrir un médaillon par une vieille autochtone aveugle. À son retour sur New York, la famille Hacker subira une étrange malédiction qui serait sensiblement conduite par Susie, possédée par un esprit violemment maléfique...

Avec la promesse d'un important budget, Lucio Fulci accepte bien volontiers de mettre en scène Manhattan Baby (bien qu'il détestait le titre et lui préférait celui de The Evil Eye) dans une ville de New York qu'il connaît bien puisqu'il vient d'y achever les prises de vue de L'Éventreur De New York. La déception sera néanmoins immense quand le cinéaste apprend que le budget escompté vient d'être réduit à plus de la moitié. Avec des effets spéciaux fantaisistes et un casting sans grandes vedettes, Fulci tente néanmoins de faire tout son possible pour mettre du cœur à l'ouvrage. Rien n'y fait, le résultat reste stupéfiant d'amateurisme et Manhattan Baby reste certainement le pire film horrifique du réalisateur en ce début des années 1980.

Seul comédien réputé du casting, Christopher Connelly ne fait ici aucun effort d'implication et se fait voler la vedette par la débutante Brigitta Boccoli, plutôt habitée par son personnage de fillette possédée. Au rythme d'un efficace score signé par Fabio Frizzi, Manhattan Baby aligne malheureusement bon nombre de clichés qui éloignent considérablement le film des grandes réussites passées de Fulci et démontrent, en parallèle, que le "godfather of gore" souhaitait bien plus d'ambition financière pour s'investir pleinement en tant que metteur en scène. Car ici, si le cœur semble y être, le tout manque incontestablement d'âme.

À noter que suite au succès de The Evil Dead, Manhattan Baby fut distribué aux États-Unis sous le titre de Eye of the Evil Dead, ce qui déçut beaucoup Sam Raimi face à sa considérable admiration envers Fulci. Mais quand Raimi apprit que Fulci n'avait aucun droit de décision en ce sens et que le titre ne provenait pas de la volonté du cinéaste italien, il se désengagea alors de toute action en justice.

Créée

le 18 nov. 2023

Modifiée

il y a 4 jours

Critique lue 58 fois

6 j'aime

6 commentaires

candygirl_

Écrit par

Critique lue 58 fois

6
6

D'autres avis sur La Malédiction du pharaon

La Malédiction du pharaon
Play-It-Again-Seb
3

Malédiction en toc

Alors qu’il est dans sa plus grande période créative, Lucio Fulci se prend les pieds dans le tapis avec cette réalisation qui lorgne clairement du côté de La Malédiction de la vallée de roi. On peut...

Par

le 11 févr. 2024

4 j'aime

2

La Malédiction du pharaon
YgorParizel
2

Critique de La Malédiction du pharaon par Ygor Parizel

En voilà un, de bon gros nanar. Fulci accumule les maladresses tant dans sa mise en scène que dans la narration, pourtant ça débute pas trop mal (10 minutes) mais dès que l'on rentre dans le vif du...

le 31 mai 2016

4 j'aime

La Malédiction du pharaon
Mighty-Forest
6

Critique de La Malédiction du pharaon par Mighty-Forest

Manhattan Baby est un Fulci mineur que le réalisateur a traité comme un produit de commande et qu'il a toujours considéré comme un fiasco. Et pourtant, malgré un scénario confus faisant tomber à plat...

le 7 mars 2011

3 j'aime

Du même critique

Voleuses
candygirl_
5

French Cat's Eye

Adaptation filmique de la BD franco-belge La Grande Odalisque, elle-même très inspirée par le manga Cat's Eye, Voleuses est un divertissement made in France qui vise essentiellement le grand public...

le 1 nov. 2023

29 j'aime

2

Rue Barbare
candygirl_
7

Y'a peut-être un ailleurs...

J'avoue ne pas comprendre le principal reproche fait à Rue Barbare. "Ça a vieilli" peut-on lire de-ci de-là. Bah oui, normal, le film fêtant ses 40 ans cette année, il n'est plus tout jeune...Au-delà...

le 21 sept. 2024

10 j'aime

7

Pauvres Créatures
candygirl_
8

Furious jumping ♡

En prenant à bras le corps le sujet tout autant féministe que philosophique de Pauvres Créatures, Yórgos Lánthimos aurait pu sombrer dans l'apologie stéréotypée de la féminité. Sauf que le cinéaste...

le 20 janv. 2024

10 j'aime

8