ram Haq livre un film au message fort, dénonçant le poids des traditions ayant toujours cours dans les cercles familiaux d’immigrés en Europe. Des milieux où le sens de l’honneur et le regard des autres prédominent sur tout le reste et où quiconque ne suivrait pas la conduite édictée par les ancêtres se voit banni ou châtié. Le film prend d’autant plus de sens que c’est une part de l’histoire de la réalisatrice elle-même qui est reproduite dans « La mauvaise réputation ». Un côté autobiographique qui donne encore plus de sens à ce drame social puissant qui vous touche au cœur et vous prend aux tripes. L’histoire de Nisha le personnage principal du film est fortement imprégnée du ressenti d’Iram Haq et de son vécu de l’époque. Cependant, le film souffre d’un défaut qui n’en est pas vraiment un, plutôt une comparaison qui joue en sa défaveur.
En effet, « La mauvaise réputation » a le tort de sortir juste un peu plus d’un an après un long-métrage similaire qui a eu la force d’un uppercut en plein visage. Ce film belge s’intitulait « Noces » et il était en tous points supérieur à celui-ci, au point de faire partie des meilleurs films de 2017. Il traitait du même sujet avec un arc narratif extrêmement ressemblant (hormis le passage du retour au pays) et prenait place dans la même communauté pakistanaise. Mais avec une concision, une puissance dramatique et une acuité sociale encore plus forte. Dans tous les cas, les deux films peuvent s’avérer complémentaires et prouvent que cette réalité, où traditions et religion prédominent sur le comportement des immigrés, est valable tout aussi bien en Norvège qu’en Belgique, soit partout en Europe où l’immigration est importante. Ici, on saisit bien les coutumes de cette communauté mais, contrairement à « Noces », on se concentre majoritairement sur le point de vue de Nisha. On prend donc totalement parti pour elle, au point de n’avoir aucune empathie pour sa famille. Un point de vue plus empathique envers les parents aurait eu un effet moins manichéen.
C’est un manque de subtilité que l’on pourra reprocher à « La mauvaise réputation ». Ce que l’on retrouve également dans certaines séquences un peu poussives où on a l’impression que tous les malheurs du monde tombe sur elle, avec en ligne de mire la scène avec les policiers pakistanais. Avec une charge parfois moins lourde, le résultat (et notre ressenti) eut été le même mais avec un peu plus de finesse. Hormis quelques invraisemblances fonctionnelles, le long-métrage se fond dans un réalisme social et psychologique réussi et l’engrenage dans lequel plonge l’héroïne traverse l’écran au point de nous nouer la gorge. Il y a même un peu de thriller dans le film tant le suspense est à son comble dans certaines séquences comme lorsque Nisha est emmenée en ferry. En somme, « La mauvaise réputation » est un cri d’alarme pointant du doigt certaines pratiques encore en cours, la place de la femme dans certaines religions et les excès que le poids des traditions implique. Une œuvre nécessaire, instructive mais qui sait aussi être tour à tour émouvante puis prenante mais qui souffre de la comparaison avec l’inaltérable « Noces ».
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