Claude Miller réalise ici un habile jeu pervers où les adultes remplacent les enfants dans la cour de récré et ausculte avec froideur les mécanismes de rejets de la différence et une société qui, bien que lointaine à l'heure de la réalisation du film (l'été 1960), sonne encore tristement d'actualité.
L'homosexualité (sous-entendue, jamais certaine, jamais explicite) entre ici en collision avec un culte absurde de la virilité, ses codes misogynes, vulgaires et militaires, grâce à l'interprétation admirable de Patrick Bouchitey et Patrick Dewaere (oscillant comme toujours entre la précision absolue d'un jeu physique et la puissance d'un jeu intérieur qui provoque en un instant autant de rire que d'effroi).
La dernière scène, trop heureuse pour être honnête, laisse un faux espoir en pensant qu'il faut être quitte pour mieux se tolérer, voire s'apprécier.
La meilleure façon de marcher est un film dur, efficace, sublimement mis en lumière et interprété, un film qui marque par sa violence sourde et sa vision d'une humanité (en l'occurrence, de la masculinité) comme soumise à un constant jeu de domination, d'humiliation et de sexualisation des rapports interpersonnels.