J'ai revu encore et encore le premier film de Claude Miller La Meilleure Façon de Marcher.
Force est d'en constater qu'il n'a rien perdu de son actualité. Le grand écart qui peut séparer les hommes s'illustre dès la première image : un garçon au sol et un en chandelle.
Tout le film repose sur ces différences de posture et leur hypothétique chance de se rencontrer.
Preuve que l'amitié entre hommes n'était (n'est) pas aussi simple que Yves Robert semblait le croire.
En 1960, en Auvergne, une colonie de vacances de garçon, à l'époque la mixité n'était pas de mise, différents moniteurs se partagent des groupes d'enfants.
Marc, le martial, et Philippe se font face, se confrontent sur ce qu'est être un homme et se confrontent tellement qu'ils en sont identiques. Chacun veut le meilleur et être le meilleur.
Tout commence quand Marc se trouve, par hasard (?) face un homme autre, celui qui se grime en femme à la nuit tombée. Les repères de Marc vacillent.
Patrick Dewaere, alias Marc est fascinant mettant au service de ce rôle dur et inflexible toute sa sensibilité ; Patrick Bouchitey, alias Philippe, d'une douceur peu commune et d'une fragilité de porcelaine. On assiste aussi à l'un des premiers grands rôles dramatiques de Michel Blanc en moniteur intello investi et professionnel, qui lui aussi à sa part d'intimité, d'ombre, dont le dévoilement le rendra fou.
Dans ce film, il y a une histoire dans l'histoire, celle de la colonie qui emporte tout le monde visible par tous jusqu'à la mise au jour de ce qui ne devait pas être vu, et celle de Marc et Philippe qui nous montre ce qui ne doit sous aucun prétexte être vu. Fallait-il forcer la marche de l'amitié ? Fallait-il lever le voile ?
A voir et à revoir.
Belle séance !