La Méprise
6.6
La Méprise

Film de Alan Bridges (1973)

J'ai découvert ce film très récemment, qui est très méconnu et quasi oublié, il a reçu la Palme d'or au Festival de Cannes en 1973, ex-aequo avec L'épouvantail de Jerry Schatzberg. Qu'est-ce qui fait que ce drame anglais soit tombé dans un tel oubli ? A vrai dire, je l'ignore, mais je l'ai trouvé plutôt intéressant sur le plan psychologique.
Il est question de non-dits, méprise, respect, clivage social, désespoir, amertume, dans une Angleterre semi-rurale des années 20 ; le film brasse tout ça avec une certaine retenue, c'est un portrait vibrant de la société anglaise où les préjugés sociaux pèsent des tonnes et développent une incapacité à avouer ses sentiments. On a déjà vu ça dans les Vestiges du jour, sauf que là il s'agissait d'amours ancillaires. Dans le cas présent, il y a une nette différence de classes puisqu'il s'agit d'un chauffeur de maître à son compte qui tombe amoureux d'une lady qu'il emmène dans sa Rolls à travers la campagne anglaise pluvieuse.
On peut y voir un vague air de Miss Daisy et son chauffeur, mais en façade seulement ; le rythme est assez lent et statique, frôlant parfois l'ennui, mais la relation entre les 2 personnages principaux est intéressante, bien que mesurée et traitée trop superficiellement, ce qui explique sans doute pourquoi la Palme d'or à Cannes fut contestée. Le film vaut quand même le coup d'être vu aussi pour la prestation de Robert Shaw qui est d'une grande pudeur sous une apparence rustre.
C'est un film délicat, typiquement britannique, car il n'y a qu'en Angleterre que ce genre de lutte des classes et de codes sociaux existaient de façon aussi marquée, qui plus est dans les années 20. Un film étrange et surprenant, qui baigne dans une ambiance très étonnante.

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le 28 juil. 2021

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Ugly

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