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Ce moyen-métrage est à l’image des réalisations de Wes Anderson, et regroupe ce qui fait que son travail est si reconnu. Une expérience visuelle inégalable. Regarder cette réalisation c’est, pardonnez moi l’expression, « en prendre plein les yeux ». Une fois de plus, je suis charmée par absolument tout. Les décors ici presque théâtraux, les jeux de lumière, les zooms à répétition, les variantes de format d’image. Il faut se rendre compte que chaque plan, chaque séquence est travaillé, pensé pour nous plonger dans cet univers parfait dont on ne se lasse pas. Trois mots pour le résumer : couleur, symétrie et esthétisme. Il faut le voir pour le comprendre. Si Wes Anderson se fait appeler « le cinéaste du beau » ce n’est pas pour rien, et ce moyen-métrage en est encore une preuve. Wes Anderson semble réellement peaufiner son style, l’affirmer de plus en plus avec toujours autant de minutie et de sens du détail.


Parlons maintenant du format. Si vous avez trouvé que The French Dispatch (2021, Wes Anderson) était trop décousu, que mêler plusieurs nouvelles en un long-métrage perdait de son sens, laissez vous alors séduire par ce format plus court qui prend tout son sens. Même si les moyens formats peuvent nous laisser sur notre faim, je les trouve plus adaptés pour raconter une nouvelle. Chaque histoire a son format. Au moins le spectateur n’est pas confus et peut prendre le temps de se remettre d’une histoire avant de continuer avec l’un des trois autres court-métrages de Wes Anderson aussi disponibles sur Netflix.Il faut parler de la densité du film. On ne voit clairement pas les trente neuf minutes passer, ce format a le mérite de nous tenir en haleine. Court mais intense. Presque trop intense. L’histoire défile, vite, très vite, trop vite. D’autant plus si, comme moi, votre anglais n’est pas parfait on peut perdre le fil, les personnages récitent leur répliques à une allure folle et les changements de décors suivent cette cadence. C’est peut-être le seul reproche que j’identifie. Aucune pause. Pourquoi ne pas ralentir le rythme ? L’émotion en prend alors un coup car le spectateur n’a pas le temps de comprendre les différents niveaux de lectures de cette nouvelle, ni de s’identifier aux personnages. C’est bien dommage, cette nouvelle ne se résume pas à l’histoire d’un homme sans notion de l’argent qui du jour au lendemain change du tout au tout, mais véritablement d’un homme qui vit une profonde remise en question face à un monde qui n’a jamais été le sien. On peine à saisir l’enjeu de cette crise presque existentielle. Plusieurs minutes de plus n’auraient pas été de refus.


La mise en scène est une composante majeure de cette réussite cinématographique. La double voire même triple mise en abîme permet une proximité décuplée entre le narrateur et le spectateur. Comme si les personnages vous adressaient la parole, une sorte de « vlog » au cinéma. Cependant cette proximité n’est pas suffisante pour retranscrire les émotions des personnages, ces derniers sont presque en répétition (ce qui accentue l’idée d’une performance entre cinéma et théâtre) si bien que la morale de cette nouvelle, qui pourtant existe, est mise au second plan face à l’ingéniosité plastique du film largement dominante.En bref, ce moyen métrage est une porte d’entrée de haut niveau pour découvrir le fantastique travail de Wes Anderson. Une fois de plus un petit bijoux.

nadegesorin
8
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le 16 oct. 2023

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Nadège Sorin

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