Netflix a la Dahl

Ce projet est la concomitance de deux évènements. D’un côté, Neflix achète les droits de l’œuvre déjà multiadaptée de Roald Dahl et de l’autre Anderson intègre la liste de ces réalisateurs prestigieux qui bossent pour le petit écran. Anderson et Dahl dans la même phrase, ce n’est finalement que cohérence. Ce court est le premier d’un quadriptyque.

Henry Sugar est un homme de la haute. Il est riche, joueur et éternellement insatisfait. Un jour, il tombe sur un carnet écrit par un médecin à Calcutta qui raconte sa rencontre avec un vieil homme qui voit sans ses yeux et celui-ci lui raconte comment il a rencontré un vieux maître yogi qui lui a expliqué comment gagner des super-pouvoirs. Surtout, qu’est-ce que Sugar va bien faire de ça ? Et comment son biographe va-t-il nous le raconter ?

Voici les 40 minutes les plus denses de votre vie. Alors qu’un flot de paroles inonde la bande sonore, un flot d’images défile sous nos yeux. Pour vous dire, j’ai dû le regarder deux fois car clairement, la première ne suffisait pas pour ne serait-ce que capter l’essentiel. Ainsi, il faudra se repérer dans cette narration en mode poupées russes du récit dans le récit. C’est complexe mais remarquablement fait avec ce style très andersonien du narrateur visible à l’écran, face caméra, utilisant le style indirect. On aime ou pas. Ce jeu entre les différents narrateurs tient sa fluidité par la mise en scène et l’utilisation des décors. Ceux-ci, 100 % studio et minimalistes, glissent pour laisser place à la scène suivante. Un simple changement d’éclairage suffit à changer de lieu. C’est à vrai dire assez magique. Là encore, on aimera ou pas voir les ficelles apparentes et le numéro de prestidigitation explicatif. Pour autant, cette mise en scène très concrète, très pratique, très théâtrale (au sens spatial du terme) ne nuit jamais au merveilleux du conte de Roald Dahl. On pourra par ailleurs apprécier la réflexion sur l’argent, son abondance et son (in)utilité et sur les plus fortunés de ce monde. C’est discret et bien vu.

En bref, si la première sensation est la noyade, le deuxième saut dans le bain est une révélation. Probable qu’un troisième visionnage apporterait son lot de découvertes de détails passés inaperçus jusqu’alors. C’est beau, futé, intelligent, frais … et chargé ? Si vous n’êtes par allergique à Wes Anderson, tentez-le ! Et plusieurs fois !

>>> La scène qu’on retiendra ? Le cabinet médical qui se transforme sous nos yeux en salle d’opération par un simple ajout de trois éléments de décor et un changement lumineux. Magique !