News of the World est le genre de films qui nous rend encore plus nostalgique des séances en salles. Un western, lié indubitablement à La prisonnière du désert, même s'il n'a pas la grandeur de la merveille de John Ford. Néanmoins, Paul Greengrass ne se débrouille pas si mal dans cet exercice qui ne refuse pas un classicisme de bon aloi, que certains auront tôt fait de taxer d'académisme. L'humanité qui s'en dégage est discrète mais profonde, symbolisée par ses deux personnages principaux, un vétéran de la guerre civile, devenu lecteur public de journaux, et une adolescente enlevée et élevée par une tribu indienne. De ces deux solitudes qui se rencontrent, Greengrass tire une mélodie mélancolique et lancinante. Un peu attendue, sans doute, mais entonnée avec une certaine subtilité, entre la violence obligée du Texas de 1870 et l'impérieuse nécessité de tailler sa route pour peut-être y trouver un sens. Les deux protagonistes auront des efforts à faire dans cette quête initiatique, réalisée malgré eux, dans un pays toujours traumatisé et cependant en mouvement vers moins de sauvagerie (vraiment ?). Les quelques scènes d'action sont réussies, on n'en attendait pas moins du réalisateur de Bloody Sunday, mais Greengrass ne leur accorde qu'un intérêt poli, à l'opposé de l'histoire intime de deux êtres en reconstruction et d'une fresque sociale moins apparente mais sérieusement documentée et convaincante. Tom Hanks est aussi bon que prévu dans un rôle qu'aurait pu jouer James Stewart et la jeune Helena Zengel confirme son talent évident après son rôle très difficile de Benni. Ne serait-ce que pour une scène quasi onirique dans une tempête de poussière, comme il aurait été merveilleux de pouvoir apprécier le film sur un écran de cinéma.