Face à un titre aussi étrange que sibyllin l'on s'attend à un film qui nous sorte de nos zones de confort et il est peu de dire que c'est le cas.


Explorant plusieurs pistes pour absolument toutes les briser avec un mélange de panache et d'insolence rare, le film quasiment impossible à résumer finit par nous plonger dans une forme d'inconfort dont la radicalité assumée ne vous laissera que deux alternatives, adhérer ou subir.


A mon avis catalogué comme issu du Giallo par facilité le film n'en conserve au final que l'image du tueur, exclusivement féminicide mais s'affranchit de tous les autres ingrédients inhérents à ce genre, oubliez donc la forme parfois grotesque ou en tout cas exubérante, oubliez le graphisme des mises à mort et leurs giclées de sangs rouges abondantes, ici on est plus dans la retenue, dans une forme de réserve dont on peine à en définir les contours et donc la finalité.


Cela est d'autant plus vrai qu'encore une fois le film s'aventure sur plusieurs pistes, une satyre sociale d'une bourgeoisie décadente qui serait racontée par un Claude CHABROL en pleine montée d'acide, un pamphlet sur le néolibéralisme et la course aux profits orchestré par Luis BUNUEL jamais totalement remis d'Un Chien andalou (1929) une farce faussement misogyne mais furieusement misandre sur les relations extra conjugales qui vient se heurter de façon étrange et inattendue pour l'époque à un sous texte science fictionnel qui nous parle d'OGM avant qu'ils n'adviennent dans le monde réel. L'ensemble étant systématiquement remis en question et bousculé nous interdisant, toujours dans cette volonté d'un inconfort radical que j'évoque plus haut, de dessiner la moindre trame sur la fin vers laquelle va finalement se diriger le film, et même là la révélation sur les réels agissements de ce mari volage soupçonné des pires desseins vis à vis de sa puissante car possédante épouse vient dynamiter vos attentes pour vous proposer un autre chose qui achève au final d'inscrire cette œuvre dans le registre de la farce absurde et sombre en dépit d'une ornementation colorée et légère aux premiers abords.


Néanmoins la partition musicale qui appartient au cercle de la musique concrète et expérimentale, toute en montée dissonantes et instruments désaccordés, constitue en y réfléchissant l'indice le plus évident, que décidemment ce n'est pas juste le titre qui est étrange, et que le film sans être inoubliable reste un objet de curiosité assez bien ficelé et paradoxalement logique avec lui-même pour le conseiller à un spectateur en quête de propositions iconoclastes.

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