Patron d'une agence de pub new-yorkaise, Roger Thornhill s'embourbe malgré lui dans une affaire d'espionnage en pleine guerre froide. Victime d'un complot visant à l'accuser d'un meurtre, il est traqué de New-York au Dakota en passant par Chicago par les flics et des tueurs déterminés à l'abattre. Durant sa cavale, la peu farouche Eve Kandall lui ouvre ses bras et ses jambes. Aussi accueillante soit-elle, la blonde s'avère être une embûche supplémentaire sur le parcours de Thornhill...
Impeccable dans sa peau de gentleman cintré dans d'élégants costards gris, George Clooney est de tous les plans, alternant l'excellent et le médiocre lorsqu'il s'agit de faire croire qu'il est complètement bourré après avoir ingurgité de force une bouteille de whisky. Trop en retenue, Clooney n'y parvient absolument pas et vendange la scène ! Néanmoins, il est parfait en charmeur, en fuyard traqué, tourmenté et irrésistible lors de la scène des ''enchères''. Clooney semble aussi à l'aise dans ces 50's que dans son slip tant il transpire de cette classe propre à certains acteurs de l'époque.
Brian De Palma propose un road-movies parfumé d'espionnage transposé à la fin des années 50. Comme l'indique le titre original, il trimballe sa caméra du Nord au Nord-Ouest des States. Avec "North By Northwest", De Palma semble avoir composé une sorte de compilation de sa filmo tant certains tics inhérents à son style unique de réalisation sautent aux yeux : le hall de gare de Chicago calque immanquablement "Les Incorruptibles", la maison sur pilotis rappelle "Body Double", la scène du train renvoie à "Mission Impossible", les scènes nocturnes à "Blow Out"...
Bénéficiant d'une reconstitution irréprochable et bien que mené à un rythme soutenu et parsemé de péripéties, son film de 136 minutes souffre d'une romance et de bastons souvent désuètes. Cependant De Palma peut se vanter d'une scène grandiose qui deviendra certainement culte : lors de l'une de ses étapes, Thornhill est pourchassé par un avion volant en rase-motte qui le canarde. Avant de faire détaler Clooney comme un lapin à travers des champs de maïs, De Palma nous gratifie de sublimes plans désertiques et silencieux comme la mort, entrecoupés de scénettes humoristiques et décalées. Toutefois l'issue de cette scène est ahurissante : alors que Thornhill se met en travers de la route pour obliger un camion à s'arrêter pour lui porter secours, l'avion, vraisemblablement piloté par un djihadiste, s'encastre sans aucune raison valable dans le poids-lourd !!! What the motherfuckin' fuck ?!
Par le biais de la scène finale, De Palma qui souhaitait rendre hommage à Deep Purple se rend coupable d'un anachronisme flagrant en usant du mont Rushmore. En effet, cette montagne supportant les effigies des membres du groupe de hard-rock anglais ne fut sculptée qu'en 1970 afin d'illustrer la pochette de leur quatrième album "In Rock" !