Ouah, Luis Buñuel qui réunit, au Mexique (bon, petite précision, l'action se déroule dans un pays imaginaire d'Amérique latine !), un beau casting de malade français, s'il vous plaît. Simone Signoret, en femme légère dont on n'arrive pas à saisir les motivations, Charles Vanel, en vieux qui s'est fait un gros magot et qui veut retourner en France, l'ultra-mignonne Michèle Girardon, en jeune fille sourde et muette du précédent personnage, Michel Piccoli, en prêtre naïf, et Georges Marchal, en aventurier cynique qui s'en fout royalement de tout (sauf de sa propre gueule !). Cela fait sérieusement envie. Le tout filmé en Eastmancolor. N'en jetez pas plus.
Résultat...
La première moitié, avec révolte et scènes d'émeute, incarnées par des acteurs mexicains super-mal doublés dans la langue de Molière, jouant des séquences peu réalistes dans lesquelles les soldats se font avoir stupidement par les émeutiers comme des stormtroopers par des Ewoks, est un peu poussive. Reste qu'elle a au moins le mérite de nous introduire les protagonistes, faute de mieux.
La deuxième moitié, heureusement, relève considérablement le niveau, avec nos cinq personnages dans la jungle, terrible jungle, avec pas grand-chose pour y survivre. Le réalisateur se lâche totalement ici avec, notamment, une apparition improbable des Champs-Élysées, les cheveux de la jeune fille vierge coincée par la végétation environnante, Simone Signoret en robe de soirée, etc. On sent bien que Luis Buñuel s'est fait énormément plaisir en tournant cette partie. Et il s'est bien fait plaisir aussi en amenant ses personnages jusqu'au fond du trou. Ben, ouais, le titre, ce n'est pas pour rien. C'est du Luis Buñuel pur jus, le surréaliste qui s'éclate dans un environnement réaliste cruel. Le spectateur que je suis s'est éclaté aussi devant cette partie.
Allez, La Mort en ce jardin est un semi-grand Buñuel.