La Mouche c'est le film culte de David Cronenberg, une oeuvre qui continue de fasciner près de 40 après sa sortie, mon attente était donc énorme.
La première réflexion que je me suis faites c'est que cette histoire aurait donné un simple film de SF à la con avec beaucoup de cinéaste. Mais évidemment Cronenberg en fait une oeuvre extrêmement intelligente. C'est en fait l'histoire d'un homme se recluant seul chez lui, se plongeant dans sa passion pour la physique, les expériences, et qui veut surtout dépasser les lois de la nature. Il nous remet en question sur ce qui fait de nous des êtres humains, sur nos limites, notre constitution, le méta humain....
Le cinéaste canadien gère aussi très bien son tempo, 1h35 sans temps mort. L'action commence dès les premières secondes, elle aurait pu vite tomber dans une répétition lourde, mais il y inclue quelques ellipses qui paraissent en dehors de la quête principal, pour aéré le récit, mais elles ont toujours un sens pour autant.
La première partie est sans gros accros, mais tout de même passionnante, grâce à ses personnages, et aussi ce triangle amoureux notamment, assez simple mais qui encore apporte autre chose pour ne pas se lasser. Il y a aussi cette scène de la téléportation raté du singe, qui nous indique un peu ce que pourrait devenir le film par la suite, tant ce qui est montré dans cette séquence est crade.
Et on ne sera pas déçu, car vint ce moment où Seth Brundle tente de se téléporter lui même via son invention, le télépod. La musique d'Howard Shore prend tout à coup des sonorités plus sombre et la caméra de Cronenberg s'attarde sur de petits détails par la taille, mais énorme dans leurs répercussions. En l'occurrence c'est cette petite mouche présente dans le télépod, qui échappe au regard du scientifique, mais pas du spectateur, ni de la machine. Et c'est ce qu'il fera très souvent par la suite, montré des détails. Car la mutation se fait lentement, par petits changements plus ou moins importants, que Cronenberg prend un malin plaisir à nous mettre en scène, plus ou moins salement. Cela va des "simples" capacités physiques nouvelles (il a réussit à rendre un combat de bras de fer ultra tendu et sale à la fois), en passant par de nombreuses transformations physiques (les maquillages sont absolument incroyable), jusqu'à un final monumental, sûrement l'apogée du cinéma de Cronenberg.
Il fait aussi référence à l'un de ses premiers films, Frissons, le temps d'une scène horrible qui voit le retour d'une sorte de créature rappelant étrangement celle du premier véritable long métrage du canadien.
Cette mutation c'est aussi la plongée d'un homme en pleine folie, un homme se croyant nouveau dans un premier temps, purifié, enfin lui même. Petit à petit il se retrouve encore une fois tout seul au beau milieu de son antre, jusqu'à ce qu'il comprenne ce qui s'est passé dans le télépod. Au début il se voit complément désemparé, retombant dans les bras de sa dulcinée. Mais très vite, en voyant son corps changer, il se réjouit, il accepte sa nouvelle nature. Il se projette même de vivre une vie de mouche géante, il veut devenir je cite "le première insecte politicien" par exemple.
Ce qui fait aussi sans doute que ce The Fly soit le film culte de Cronenberg, c'est que son approche est plus direct, plus facile d'accès, comparé à un Videodrome par exemple, qui est extrêmement complexe à cerner. Ici au contraire, le récit reste dans une simplicité (au moins apparente) qui permet à Cronenberg de se concentrer plus sur le visuel, ses personnages, et par dessus tout, son concept. Ce que nous spectateur, faisons par la même occasion.
Voilà, La Mouche c'est bel et bien le meilleur film de David Cronenberg.