Remplacez les symboles à gauche de l'équation par "humain" et "mouche". Tentez maintenant de vous représenter le "8" et vous aurez une idée assez précise du fantasme à l'origine du film. Dans le Spider-man de Sam Raimi (lequel commença comme Cronenberg sa carrière de réalisateur avec le cinéma d'horreur), l'acide désoxyribonucléique d'un humain se combinera à celui d'une araignée. Ici, la "fusion" entre les deux matériels génétiques est moins à l'avantage de son porteur. Trente-trois ans après la découverte de Watson et Crick, on sait beaucoup moins de choses de l'ADN qu'aujourd'hui mais assez pour titiller l'imagination. Le film sort au moment où se développent les premiers essais de culture de plantes génétiquement modifiées. Il a au moins le mérite d'éveiller les consciences aux nouvelles possibilités techniques, d'interroger l'éthique des progrès scientifiques et d'esquisser d'éventuelles dérives. N'oublions pas que le scientifique essayera dès qu'il en aura la possibilité. Le paléoanthropologue Yves Coppens lui-même confessait qu'aucune considération morale ne l'arrêterait s'il pouvait rendre la vie à un australopithèque. Savoir, c'est pouvoir.
On me reprochera de faire la fine mouche mais je crains d'être muet comme une bouche écrasée sur une vitre en ce qui concerne les autres mérites du film.
"Quel est ton but en philosophie ? Montrer à la mouche comment sortir du piège à mouches." L. Wittgenstein.