Monsieur Cronenberg, vous souffrez d'un grave déficience mentale, vous devriez être à l'asile, à l'heure qu'il est.
Non parce que, quand on demande à une personne normale et équilibrée de faire un remake de "La Mouche noire" de 1958 avec Vincent Price, on s'attend à ce que la personne nous mette en scène un homme à tête de mouche en carton-pâte qui se cache dans son labo pour qu'on ne le voie pas, un truc un peu kitsch et rigolo, quoi, pas qu'elle nous fasse une histoire avec un type qui se transforme lentement mais surement en homme-mouche, qu'il se retrouve capable de marcher au plafond et de cracher du suc gastrique corrosif par la bouche pour faire fondre des gens !
Non, on ne fait pas ça quand on est un minimum saint d’esprit !
Bon, c'est vrai, quand j'ai vu pour la première fois le film, sans avoir vu aucun de vos films je connaissais déjà votre réputation de réalisateur. On vous disait très talentueux à bien des égards, mais également obsédé par le corps, ses limites et la manière dont on peut le faire exploser.
C'est sûr, ça aurait dû me mettre la puce à l'oreille.
Mais quand même.
Ce film a quelque chose de profondément malsain.
Il ne fait pas peur à proprement parler, mais on ressent un réel malaise à partir du moment où les changements physionomiques et psychologiques de Brundle commencent.
C'est d'abord simple et même gentillet, avec notre héros qui devient plus agile, plus endurant (situvoisskejveudire ( ͡° ͜ʖ ͡°) ), plus sûr de lui aussi alors qu'au début, il était plus renfermé et timide, et plus fort. Ce dernier point nous étant d'ailleurs illustré par une séquence de bras de fer... Musclée ?... Qui nous fera prendre conscience que quelque chose d’étrange a l'air de se produire.
Et à partir de là, notre héros va muter, lentement se transformer en on ne sait quoi.
D'abord les ongles, puis une oreille, les dents. Brundle a des fluides étranges qui lui sortent des doigts et l'aident à s'accrocher aux murs, et arrive à cracher des sucs gastriques pour digérer sa nourriture, comme une mouche.
Et bien entendu, il devient de plus en plus moche. Que serait un film de monstre sans mec moche ?
Un Disney.
Mais bref, Cronenberg nous décrit donc tout ce processus de transformation, de manière assez froide et neutre, comme toujours dans sa filmographie, ce qui rend les évènements du film encore plus dérangeants qu'ils le le sont déjà. La musique de Howard Shore aide d'ailleurs beaucoup à cela.
Bref, tout cela cumule jusqu'au dernier quart d'heure du film, qui est un train fantôme à lui tout seul. Mention spéciale à cette horrible scène où le corps de Brundle part complétement en morceaux pour révéler sa nouvelle apparence de mouche humanoïde. Une scène que je range aux cotés de celle de la cassette vidéo dans The Grudge ou du martien-prostituée dans Mars Attacks sur mon étagère mentale des moments qui m'ont traumatisé...
Je sais pas si je dois vous haïr ou vous admirer, pour ça.
Oui, monsieur Cronenberg, vous êtes taré.
J'ai vu pas mal d'autres métrages de votre filmographie bien sordide, comme Chromosome 3 ou Vidéodrome, qui étaient bien barrés. Mais j'ai l'impression que La Mouche reste votre plus viscérale création, celle où vous poussez votre obsession pour la destruction du corps le plus loin.
Remarquez, ça ne m'étonne pas, vous arrivez à brasser tellement de thématiques tout en restant fidèle à vos obsessions qu'on a l'impression qu'aucun de vos films ne ressemble à tous les autres, ce qui est remarquable, pour un auteur.
Mais il reste que vous êtes un peu niqué de la tête quand même, du coup, je vous recommande l'asile psychiatrique au même titre que Messieurs Lynch, Six et Iskanov.
Ça vaut mieux pour notre équilibre mental à tous.