Claude Zidi en début de carrière. Enfin, presque, après ses films avec les Charlots. Là, en 1974, c'est la première fois qu'il met en scène Pierre Richard et Jane Birkin. Il récidivera avec ces deux acteurs l'année suivante et réussira mieux, à mon avis, "la course à l'échalotte".
Dans "la moutarde", Pierre (Pierre Richard) est prof de maths dans un lycée de jeunes filles (délurées) ; outre son job de base, il est le larbin du dirlo (Jean Martin) pour corriger les copies de collègues absents, le nègre d'un copain journaliste (Henry Guibet) d'un journal à scandale et le nègre de de son père (Claude Piéplu), chirurgien, candidat conservateur à une élection.
Par ailleurs, une actrice Jackie Logan (Jane Birkin), belle et sulfureuse, tourne un western dans les environs.
Comme tout arrive en même temps, les copies supplémentaires, l'article sur Jacky Logan et le discours conservateur, on imagine sans peine la suite avec la maladresse légendaire de Pierre Richard. Tout va joyeusement se mélanger et au final, Pierre Richard va se compromettre avec Jacky Logan au grand dam de son père et à la grande satisfaction du journaliste et surtout de ses élèves.
Les gags se succèdent à grande vitesse et on ne peut vraiment pas reprocher à Zidi et à Pierre Richard d'avoir épargné leur peine. Ah pour se démener, Pierre Richard se démène et en fait même des tonnes. Un chouïa trop. Je ne me souviens pas quand j'ai vu cette comédie la première fois (à la télé) mais il est très possible que j'ai eu bien ri à l'époque. La première fois car je pense que les gags de ce film sont de nature à s'user assez rapidement. Là, ça a été dur de m'arracher un sourire même si le jeu des acteurs reste très bon. Quant à rire, je n'ai franchement ri que dans le gag de l'opération salopée par Claude Piéplu qui n'avait pas la tête à son métier, avec le sang qui gicle de partout (allusion à MASH ??) et Claude Piéplu qui jette l'éponge avec "je le finirai demain". Le point d'orgue du film c'est peut-être quand le prof de maths passe pour un vrai séducteur patenté auprès de ses élèves qui tombent toutes raides dingues et amoureuses de lui.
Finalement, c'est peut-être ce que j'ai préféré dans ce film, les seconds rôles qui apportent leur note discordante comme Piéplu dans le rôle du père hyper coincé, Henry Guibet en journaliste joyeux luron, Danielle Minazzoli dans le rôle de la piquante prof de gym (qui volerait presque la vedette à Jane Birkin), Julien Guiomar en directeur salace du journal , Jean-Marie Proslier dans un numéro de quiproquo avec Pierre Richard … parce que j'ai trouvé que Pierre Richard fait trop dans le burlesque (la scène dans la caravane par exemple) et en fait des tonnes avec e comique de répétition et Jane Birkin ne m'a pas vraiment convaincu.
A noter aussi des allusions à l'actualité de l'époque qui ne passent plus aujourd'hui comme l'amant de Jacky Logan qui est Harry Welsinger qui discute des traités de paix dans des régions en guerre (allusion à Henry Kissinger) ou encore Jacky Logan précédemment mariée à un armateur grec (allusion à Jacky Kennedy). Qui aujourd'hui s'en souvient ?
Le film se regarde toutefois sans ennui, on passe d'un gag à l'autre. On a affaire à une comédie bien typée des années 70. Simplement, je pense que Pierre Richard est bien meilleur lorsqu'on ne le pousse pas vers des rôles trop burlesques qui ne font pas apparaître ses vraies qualités humaines.