Une belle enquête mêlée à un conflit moral assez tabou dans l'Amérique actuelle : le racisme anti-asiatique après les bombardements de Pearl Harbor. Voici donc le procès de Kazuo, dernière personne à avoir vu vivant le vieux Carl, pêcheur retrouvé mort pris dans ses propres filets de pêche, et dont la défense ne pèse pas lourd face aux préjugés... Un jeune journaliste (Ethan Hawke), plus ouvert d'esprit que les autres (
l'amour de sa vie, qui l'a autrefois rejeté, est une japonaise qui est proche de l'accusé
), s'implique dans l'affaire pour prouver que Kazuo est innocent. On comprend vite le message que veut défendre le film (pas forcément très subtilement amené), aussi on devine toute la fin (sans se tromper), et le film compte une petite demi-heure de trop, mais dans l'ensemble La Neige tombait sur les cèdres est un film qui vaut le détour, par son sujet assez peu traité (l'enfermement des asiatiques dans des quartiers de petites villes, leur rejet par une population forcée de vivre avec eux... Peu de films historiques en parlent), par une enquête qu'on aimerait bien voir bouclée assez rapidement tant les arguments de l'adversité nous donnent de l'urticaire (dans le bon sens du terme : le film réussit à nous embarquer avec lui), et par un casting plutôt sympathique (les seconds rôles, après Ethan Hawke, ne sont pas vilains : Richard Jenkins, Sam Shepard, Max Von Sydow...). Oscillant entre enquête policière et Histoire, ce drame s'intéresse moins à ses personnages (un peu dommage : en sont témoins les flashbacks de la vie amoureuse du journaliste, qui freinent le récit) qu'à démontrer un racisme et un contexte historique assez peu connus, et comment en venir à bout. Une belle histoire qui est toujours bonne à prendre, d'ici à ce que les préjugés n'existent plus : mais ce jour-là, il neigera en août.