Pourtant, j'avais envie de l'aimer, cette "Neuvième porte", avec son point de départ intrigant dans l'univers des collectionneurs de livres anciens, et son enquête ésotérique à mi-chemin entre "Angel Heart" et "Da Vinci Code".
Passe encore que Roman Polanski use et abuse du second degré et du kitsch assumé dans la seconde moitié du métrage, entre clins d'œil, parodie et tentatives d'instaurer une véritable angoisse.
Admettons que les effets spéciaux assortis aient pris un coup de vieux sévère, faisant sortir du film à plusieurs reprises, et que les seconds rôles ne soient guère convaincants autour d'un Johnny Depp enlaidi et sobre, et d'un Frank Langella inquiétant à souhait.
Mais le plus impardonnable, c'est ce dénouement foireux qui laisse un goût amer en fin de péloche, du genre "tout ça pour ça". On vient quand même de s'enfiler deux longues heures à un rythme plan-plan, durant lesquelles il aura fallu s'accrocher parfois entre deux bâillements, et la récompense n'est absolument pas à la hauteur de notre patience.
Alors on en oublierait presque la mise en scène très soignée de Polanski, vrai point fort du métrage (à deux-trois fautes de goût près), qui engendre une poignée de séquences mémorables (celle du fauteuil roulant électrique piloté par une morte grimaçante, venant s'abîmer dans les flammes...).
Vingt ans après sa sortie, "The Ninth Gate" conserve ses quelques défenseurs acharnés, pendant qu'une majorité crie au ridicule : raisonnablement, j'opte pour une note intermédiaire, et j'accorde une petite moyenne à ce Polanski très inégal.