La Nostra Vita part comme un drame sans surprise et on a des raisons de croire qu'il ne contreviendra en rien aux canons du genre. C'est une demi-erreur.
Pendant la majeure partie de son déroulé, le film nous laisse dans l'incertitude ; parfois, les coups d'œil involontaires à la caméra, ou cette dernière elle-même quand elle est au poing – à savoir tout le temps – et échappe aux mains d'un caméraman à qui l'on a de toute évidence pas inculqué la notion de stabilité de l'image, nous font croire que l'œuvre ne se veut ni technique, ni pointilleuse, ni artistique, tout au plus vaguement critique avec tellement de naturel que c'en est de la fainéantise.
La proportion de documentaire restera le mystère d'une création aux multiples arrière-goûts ; drame social, drame romantique, critique du racisme par le racisme, de la société régie par l'argent, étude d'un esprit en deuil... La Nostra Vita, comme l'indique justement son titre, cela pourrait être tout cela à la fois. Et s'il n'y parvient pas, ce n'est même pas par médiocrité, et même pas parce qu'il est en équilibre sur plusieurs lignes de crête à la fois, mais parce qu'il ne nous offre pas le moindre indice sur sa tendance véritable.
Alors on subit une histoire qui, somme toute, est acccrocheuse et à peine désagréable malgré le Malheur qui rôde, dans l'attente d'un signe. Ce signe, c'est peut-être bien Elio Germano, élite, le temps d'un visionnage et quoi qu'en dise son nom, du cœur de la société italienne, fantastiquement à l'aise dans ses gueulantes comme dans sa spartiate tendresse et son désarroi. Mais suffit-il d'un Messie pour signifier l'avènement d'un bon film ?
Quantième Art