Christophe Barratier est un grand nostalgie, comme en témoignent ses deux précédents films : Les Choristes et Faubourg 36. Pour sa nouvelle version de La guerre des boutons, il récidive, à nouveau, en plaçant l'histoire en 1944. Pour, dit-il, ajouter un arrière-plan dramatique et réellement guerrier à la guerre des enfants. Mouais.
Sauf que c'est insupportable. La France de 1944 de Christophe Barratier est bourrée de clichés : on est soit résistant, soit collabo, on cache une jeune fille juive dans le village dans un immense élan de générosité. Et surtout, les méchants ne sont pas forcément si méchants que ça. Prenez le père Lebrac (Kad Merad, encore lui). Oui, il est autoritaire et violent. Mais, il est le chef du réseau de résistance du coin. Quant aux vrais méchants, le milicien Brochard, il se venge juste d'avoir été maltraité. Comme il le dit dans une réplique culte : "Quand j'étais petit je balayais la cour de l'école. Maintenant je nettoie la France." Bim. Rien que ça. Avec le récent "coup de balais" voulu par Ségolène Royal, ça résonne d'une étrange manière.
Clichés de la France sous l'occupation, donc, mais aussi utilisation abusive de signaux cinématographiques de l'émotion. Les sanglots longs des violons dégoulinent durant tout le film, pour que le spectateur comprenne bien que c'est là qu'il doit être tout ému dans son petit cœur. Et puis, au cas où l'on n'aurait pas encore compris que le gentil instituteur (Guillaume Canet) était amoureux de la mercière (Laetitia Casta) revenue de Paris avec la petite juive sous le bras, Christophe Barratier nous le montre avec une courte scène dans laquelle l'instituteur regarde passer sa belle sur son vélo... Et forcément, le plan sur Laetitia Casta est au ralenti, et ses cheveux volent au vent, et sa jupe se soulève. On se croirait dans La bicyclette bleue, tiens.
Quant aux enfants... Ils sont à peine mignons. Même Petit Gibus est fade, avec ses deux répliques qu'il tourne en boucle.
Raté, pour Christophe Barratier.