De la crainte d'un film type d'animaux tueurs, La Nuée s'en extirpe et offre un scénario à plusieurs lectures, critique économique et sociale, représentation de la situation des agriculteurs (et de tous ceux qui cherchent à s'en sortir), où l'horreur ne vient pas nécessairement des sauterelles mangeuses de viande, mais de la folie de cette femme qui dérape complètement et que l'on sent déraper petit à petit, et à qui on a envie de crier de s'arrêter, qu'elle court à sa perte, qu'on sent venir sa perte et pourtant, on la voit continuer, et cela laisse chez le spectateur un vrai sentiment d'horreur car on sait qu'elle va dans le mur et on ne peut rien faire pour l'arrêter. Pire encore, on sent qu'elle-même sait qu'elle dérape, on sent qu'elle doute, mais elle continue quand même car elle est désespérée, car il faut nourrir sa famille. On la comprend, on a envie de l'aider. Et l'horreur provoquée chez le spectateur du fait de la voir s'enfoncer est brillamment réussie car finalement c'est une horreur réaliste, une horreur que l'on peut se représenter (on pourrait tous s'entêter pour s'en sortir, pour réussir). Si le film n’échappe pas à quelques clichés et travers (la chèvre, le chien, la fin avec la barque et les sauterelles qui se barrent (ou sont mortes ?)…), le résultat reste là. Un film d'horreur brillant.