S’il fallait une preuve que la France avait suffisamment de talents pour faire exister un cinéma de genre ambitieux et créatif, La Nuée ferait office d’argument imparable.
Just Philippot construit son conte horrifique autour d’une problématique sociale forte (les difficultés du monde agricole), qui sert de terreau fertile à une montée crescendo de la peur et de l’angoisse.
Bardé, volontairement ou non, de références multiples et prestigieuses comme Les Oiseaux, La Mouche et même les Dents de la mer, La Nuée leur faire honneur en installant progressivement son climat anxiogène et malaisant qui nous emmène vers un final irrespirable.
La mise en scène, léchée et maîtrisée, fait preuve d’une évidente personnalité. La manière dont le réalisateur révèle son « monstre » est d’une redoutable efficacité. La menace que fait peser l’élevage de sauterelles est de plus en plus grande au fur et à mesure que leur nombre croît pour former un tout à la fois effrayant et répugnant.
Mais si le pan fantastique fonctionne aussi bien, c’est aussi parce que les personnages sont très bien soignés et lui permettent de s’exprimer dans un cadre réaliste, donc angoissant.
A ce titre, Suliane Brahim laisse une forte impression. Issue du théâtre et pensionnaire de la comédie française, elle se jette corps et âme dans le cinéma de genre et vampirise l’écran.
Une bonne claque (qui ne vous reconciliera pas forcément avec le monde des insectes…).