Avec Halloween, John Carpenter réinvente le thriller horrifique en le réactualisant. Depuis Psychose d'Hitchcock, aucun film n'était parvenu à autant marquer de son empreinte le cinéma d'horreur urbain. Il marque d'une empreinte indélébile ce genre en en réinventant les codes.
Halloween servira donc de maître étalon pour des décennies de cinéma de genre. Encore aujourd'hui, il reste un modèle pour des cinéastes de la nouvelle génération, je pense notamment au récent It Follows de David Robert Mitchell qui va jusqu'à en reprendre littéralement certains plans.
Cette manière d'appréhender le genre du thriller horrifique, influencera jusqu'à son cousin dégénéré, le slasher qui tentera d'en reprendre la substance, sans jamais en atteindre la matière brute qui fait de ce film un objet unique dans son genre.
Ces longs travellings inquiétants, cette manière de matérialiser le mal dans des artifices évidents interrogeant nos peurs primaires. Le spectre de Michael Myers comme représentations mouvantes du croque-mitaine des frayeurs enfantines.
Chez Carpenter, le mal existe en tant que tel, il est présent parmi nous sous forme humaine et se matérialise dans le réel. Le personnage interprété par l'excellent Donald Pleasence, dans le rôle de cette sorte de Docteur Frankenstein poursuivant sa créature, ne cesse de nous le répéter, au-delà de toute considération sociologique ou scientifique, il nous le dit, il y a une force instinctive en Michael Myers dont il ignore l'énergie, il préfère appeler ça le mal. Il semble dépasser par cette puissance diabolique et ne trouve pas les termes pour la nommer.
Prenant en considération cette source inaltérable délimitant un champ infini de matière scénaristique, Carpenter en laisse de côté le pendant moraliste pour dérouler un modèle de mise en scène qui encore aujourd'hui s'avère d'une incroyable efficacité.
Rentrer dans un film de John Carpenter, c'est être happé tout entier par son univers, sa musique, l'ambiance qu'il y crée. C'est un pacte passé avec cet auteur génial, probablement l'un des plus importants de l'histoire du cinéma, l'un de ceux qui en a écrit les plus belles pages en tout cas.