C'est la période, un documentaire sur Jamie Lee Curtis m'ayant rappelé que je ne l'avais pas vu depuis bien longtemps... L'ayant découvert adolescent, le regard une quinzaine d'années plus tard est évidemment différent. Alors que je me souviens de la terreur panique qui m'avait envahi, nous en sommes assez loin ici, nous contentant de quelques frissons, l'effet de surprise n'opérant logiquement plus de la même manière. En revanche, ce que j'ai particulièrement apprécié cette fois, c'est la réalisation de John Carpenter. À vrai dire, je ne suis pas certain qu'il était possible de faire un meilleur film avec ce budget, si ce n'est, peut-être, en bâtissant un scénario plus élaboré.
Mais c'est aussi l'un des intérêts d' « Halloween » : partir d'un point de départ ultra-basique pour proposer une radiographie de la peur, à l'atmosphère oppressante et aux décors savamment exploités, source constante d'incertitude, de danger, n'empêchant pas un côté presque enfantin, notamment à travers cette quasi-partie de cache-cache entre l'héroïne et son futur ennemi juré. La maîtrise de Carpenter est totale, tant par cette façon de jouer avec nos nerfs que l'inventivité dont il fait régulièrement preuve, que ce soit cette introduction en caméra subjective ou l'impression que l'héroïne est constamment épiée, même quand ce n'est pas le cas. Musique presque (si ce n'est plus) aussi célèbre que le film, dont le réalisateur use et abuse, mais d'une efficacité si redoutable qu'on ne s'en plaint (presque) pas.
Sans être sa plus grande réussite et encore moins la plus politique, certaines réflexions séduisent, notamment cette interrogation sur la figure du Mal, le fait qu'il ne puisse (presque) pas être représenté, détruit. Aucune psychologie, aucune explication : juste le Mal à l'état pur, insaisissable, pouvant frapper à tout moment. Je reste plus dubitatif sur l'évasion assez peinarde de Michael Myers ou le personnage du docteur Loomis, inégalement intégré au récit, mais comme il est interprété par le grand Donald Pleasence, ça passe. À défaut d'être le meilleur, « Halloween » est sans doute la plus culte des œuvres de son auteur, véritable matrice d'un genre en ayant vu d'autres depuis, sans pour autant se montrer (ou si peu) à la hauteur de son illustre modèle.