Sous le vernis d’une civilisation où égoïsme et racisme annihilent la conscience, le zombie devient symbole d’une société qui s’entredévore. Un film impressionnant et intemporel inspiré du roman « Je suis une légende » de Richard Matheson , dont le réalisme brutal , organique, côtoie le fantastique et la métaphore sociale avec une critique sévère de la politique de l’époque aux USA( allusion à la guerre du Vietnam, à la menace nucléaire et au racisme) Le huis clos rassemble le panel d’une société entière avec des membres que tout divise : comme dans un laboratoire, Romero analyse les comportements (des plus courageux aux plus lâches) entre égoïsme, racisme, et courage , avec un danger qui est autant à l’intérieur qu’ à l’extérieur, oppressant. Si les morts-vivants constituent une entité homogène, les hommes sont au contraire toujours en conflit entre eux. C’est aussi un événement cinématographique (autant par le fait que les actrices et acteurs sont pour la plupart inconnus que par son esthétisme très expressionniste) la violence des images (cannibalisme) que sa charge contre le racisme et la violence. Romero présente une version de cette créature, sans aucune connotation magique, puisque l’on est dans le domaine de la pathologie. C’est au départ un homme atteint par un virus d’origine inconnue, qui provoque dans un premier temps la mort du sujet, puis sa renaissance sous forme d’une créature dont la seule pulsion est l’anthropophagie. Une créature privée de toute forme de conscience, d’individualité qui contamine toutes les classes sociales. Mort vivant, masse informe en quête de chair il n’est pas un monstre solitaire mais un « monstre collectif » Le zombie est une caricature de l’homme. Si son caractère anthropophage, ses pulsions de consommation sans limite, rappellent certaines dynamiques de la société consumériste, il métaphorise certaines de nos inquiétudes les plus contemporaines.