Le plus insupportable c'est que rien ne l'est

Les réalisateurs français (malheureusement pas tous) savent faire de bons films et le prouvent une fois de plus avec ce polar tranchant réalisé par Dominik Moll. Les thrillers frenchies ont cet avantage du réalisme qui fait tant défaut à leurs confrères américains. Le film commence d’ailleurs avec une scène d’une force et d’une violence inouïe, l’annonce aux parents de la mort de leur fille. C’est donc ça le train-train des policiers de la PJ. Entrer dans le quotidien doucereux d’une famille et la détruire pour toujours en leur annonçant l’inacceptable, l’horreur, l’indicible.

La nuit du 12 dénonce l’absurdité de la vie, de la violence des hommes envers les femmes et des fantômes qui nous hantent. Le film ne délivre aucun message d’espoir, à part peut-être cette gentiane, symbole d’une beauté dont les pauvres enquêteurs sont privés à partir du moment où ils acceptent de faire ce boulot. Le laid est un fardeau qu’ils doivent porter jusqu’à la retraite (s’ils tant est qu’ils tiennent jusque-là).

Le déroulé de l’intrigue tient du film à suspense classique, si ce n’est que ladite intrigue restera irrésolue (c’est annoncé dès la première image), car la vie est malheureusement souvent faite d’incertitudes. Et quand bien même le fin mot de l’histoire est parfois trouvé, il se révèle la plupart du temps apagogique et d’une grande tristesse.

Nous suivons un duo policier porté aux nues par Bouli Lanners et Bastien Bouillon. Les deux acteurs réalisent là une très belle performance. Ils n’en font ni trop, ni pas assez et arrivent à faire passer des émotions, à travers une phrase, un regard, tout en pudeur. Leur frustration est palpable, mais elle est plutôt nourrie par l’incompréhension de ce monde où un jeune homme peut rire quand il parle d’une jeune femme brûlée vive qu’il connaissait pourtant intiment, où un homme peut insulter et envoyer sa compagne à l’hôpital, plutôt que par la non-résolution de l’affaire. Comme le dit le policier qui restera hanté jusqu’à la fin de ses jours par ce drame, « tous auraient pu le faire », et finalement c’est cela qui est le plus insupportable.

Créée

le 20 août 2022

Critique lue 65 fois

2 j'aime

Critique lue 65 fois

2

D'autres avis sur La Nuit du 12

La Nuit du 12
ocean_jogging
4

Le féminisme pour les nuls

Si le sujet du féminisme ne vous a jamais réellement interpellé, ce film est fait pour vous: il regorge de toutes sortes de répliques bateau, néanmoins vraies, au point que vous réaliserez peut-être...

le 26 juil. 2022

96 j'aime

33

La Nuit du 12
Moizi
7

Laura

La Nuit du 12 annonce la couleur dès le début : il y a des crimes irrésolus et ce film est l'histoire d'un de ces crimes. Le fait de vendre la mèche dès le début fait comprendre au spectateur qu'on...

le 31 juil. 2022

57 j'aime

5

La Nuit du 12
EricDebarnot
8

Souvenirs d'un meurtre

Il y a quelque chose du brillant Memories of Murder dans le nouveau film de Dominik Moll, qui s'éloigne pourtant de son savoir-faire reconnu en matière de thriller pour livrer ce qui s'apparente...

le 29 déc. 2022

57 j'aime

9

Du même critique

Tunic
Les-critiques-de-Jay
10

Tunic is Unic

Aussi mignon qu’exigeant, Tunic nous embarque dans une épopée onirique que l’on quitte à regret lorsque l’aventure touche à sa fin et qu’il nous faut poser la manette, le cœur lourd. Lourd de devoir...

le 4 mars 2023

2 j'aime

La Nuit du 12
Les-critiques-de-Jay
7

Le plus insupportable c'est que rien ne l'est

Les réalisateurs français (malheureusement pas tous) savent faire de bons films et le prouvent une fois de plus avec ce polar tranchant réalisé par Dominik Moll. Les thrillers frenchies ont cet...

le 20 août 2022

2 j'aime

Elvis
Les-critiques-de-Jay
7

Black , Blues, Bang

Depuis quelques années, chaque méga superstar se voit affublée de son biopic, tentatives d'hommage plus ou moins réussies qui essayent de montrer l'homme derrière la star en omettant, bien entendu,...

le 29 juin 2022

2 j'aime

2