Aux environs de Grenoble, Clara, 21 ans, est brûlée vive alors qu’elle rentre chez elle de nuit. La police judiciaire tentera de démêler l’affaire, plongeant dans la vie privée tentaculaire de la jeune fille.
Dominik Moll prévient d’emblée son spectateur : inspirée d’un fait divers, cette enquête ne sera pas élucidée ! Un postulat gonflé pour un polar, et pourtant on se prend au jeu.
« La Nuit du 12 » est tout d’abord une vision dramatique presque documentaire sur le métier de policier. Interrogatoires, rédaction de procès-verbaux, détricotage de vie privée… Et surtout dégoût face à des crimes sordides, vie privée difficile à gérer, et frustration d’interagir avec types louches (au mieux) ou des crapules (au pire).
Et, à l’image des jolis paysages montagnards qui tranchent avec ce crime atroce, la déconnexion entre deux mondes. Celui des policiers, qui tentent de maintenir des valeurs morales pour faire leur travail. Et celui des plus jeunes, où le sexe est facile et la notion de fidélité n’a pas beaucoup de sens.
L’occasion d’aborder aussi le rapport entre les hommes et les femmes. Vu ici de manière pertinente, certains rétrogrades ne se cachant pas de penser que si Clara a été brûlée, c’est « qu’elle l’a cherché » par ses mauvaises et nombreuses fréquentations.
Le tout mis en scène de manière sobre et calculée par Dominik Moll (caméra souvent statique, grand angle oppressant dans les bureaux…). Et en s’appuyant sur l’interprétation froide, subtile, et tout en retenue de Bastien Bouillon. Dont la prestation rappelle par moment les rôles tenus par Laurent Lucas il y a 20 ans chez le même réalisateur ! Bouillon incarne ce capitaine de PJ, hanté par le fait que malgré les efforts déployés, il tourne (littéralement !) en rond.
Un drame policier pertinent et intelligent.