They abide and they endure
Longtemps considéré avec indifférence avant d’être reconnu tardivement jusqu’à truster les premières places des classements américains des meilleurs films de tous les temps, l’unique film de Charles Laughton m’était aussi relativement inconnu jusque là dans mon parcours de cinéphile. Quelle fut mon erreur !
Pour son unique long-métrage, Charles Laughton signe un brillant film et l’on regrette qu’il n’ait pas pu en faire d’autres. De plus, il réunit un casting époustouflant avec Robert Mitchum en pasteur de pacotille véreux et terrifiant, Shelley Winters en veuve éplorée succombant facilement au charme d’un pasteur pour balayer ses peines et la sublime Lillian Gish, ancienne égérie de D.W. Griffith qui trouve là un rôle parlant à la hauteur de son talent en incarnant une vieille femme généreuse qui a fait de sa maison un refuge pour orphelins.
Nous n’oublierons pas les deux enfants, Billy Chapin et Saly Jane Bruce, qui apparaissent comme les deux héros du film. Au-delà de toute considération formelle, l’enjeu du film tourne bien évidemment autour de ces deux enfants promus au rang de héros obstinés, courageux et qui, de la morbidité ambiante, tire le film vers des hauteurs féeriques et magiques rarement vues au cinéma.
À la lisière du fantastique, entre cantiques interprétés par Mitchum et traques silencieuses en pleine campagne, ce conte noir brasse une multitude de genres cinématographiques (film noir, western, suspense, drame). Inqualifiable, sublimé par un noir et blanc majestueux, aérien et fluide dans sa réalisation, empli de références religieuses et symboliques (admirez le travail fait pour accentuer la surpuissance masculine du pasteur), « La nuit du chasseur » représente pour moi l’apothéose de la traque au cinéma. En un film, Charles Laughton donne une leçon que tout nouveau réalisateur devrait envisager d’apprendre.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste