La Nuit du chasseur par Kroakkroqgar
‘The Night of the Hunter’ repose principalement sur le personnage du révérend Powell, aussi charismatique que mal intentionné. Robert Mitchum incarne en effet un personnage à la fois fascinant, effrayant, et complètement culte. Dès le début du récit, le spectateur est mis dans la confidence : sous ses airs de charmants révérends se cache un effroyable individu. De ce fait, on assiste impuissant aux progressions de ce « chasseur » qui amadoue ses victimes afin de mettre la main sur un magot dont il a eu vent. Il en découle une affection quasi-immédiate pour le seul personnage à ne pas être dupe, John Harper et son irrésistible frimousse.
Parallèlement à ça, l’intrigue est bien construite, et parvient à créer une tension insupportable dès la disparition de Mme. Harper. Pour preuve, les poursuites parviennent à être crédibles et prenantes sans le moindre effet de caméras. Malheureusement, la fin du récit m’a paru un peu bâclée. La tension retombe dès que les orphelins sont accueillis par Madame Cooper. A ce stade, le révérend Powell perd de son aura, et on ne retiendra finalement que la scène où les adultes chantent le même air avec des paroles différentes.
C’est d’ailleurs peut-être là que le point d’orgue du film. Après avoir décrié le mal incarné par le faux-révérend, après avoir illustré les saines leçons de vie de Madame Cooper, il ne manquait plus que la confrontation des deux styles de vie. Mais il faut bien avouer que le message est pauvre. Par ailleurs, on regrettera que les tatouages LOVE/HATE n’aient pas plus de place dans le récit : certes Harry Powell tient son couteau de la main gauche, mais cela ne l’empêche pas de gifler sa femme de la main droite.
Tout compte fait, c’est peut-être la réalisation très inspirée qu’il convient de féliciter. L’opposition entre les personnages apparaît plus forte grâce à un éclairage intelligent. On peut citer l’ombre du révérend projetée sur le mur ou le contre-jour du cavalier en arrière plan, mais certains plans sont simplement magnifiques, notamment le fabuleux jeu de lumière où Powell s’apprête à tuer sa femme. Plus astucieux, on retiendra aussi le plan où le Powell profite de la lumière pour s’éclipser.
Mais il convient de ne pas oublier le voyage en barque. On observera un contraste entre la tension que représente la fuite des orphelins, et la succession presque enchanteresse des animaux qu’ils rencontrent. En tout cas, les plans animaliers sont fort sympathiques, même si leur lien au reste du récit est plutôt flou.
Culte principalement grâce au personnage du révérend Powell.