Alors peut-être ne suis-je pas une cinéphile suffisamment avertie pour apprécier comme il se doit ce genre d'oeuvres couverte d'éloges, de lauriers et cris du coeur mais vraiment : j'ai du mal à comprendre ce qu'on peut lui trouver de si fantastiquement fabuleux en 2016.
J'avais eu le même sentiment avec Douze hommes en colère qui m'avait laissé une impression plus que mitigée malgré le glorieux parfum qu'il laissait dans son sillage.
Je ne dis pas que La nuit du chasseur est un mauvais film - et, à son époque, sans doute a-t-il beaucoup plu - mais qu'il s'agisse du jeu (outré) des acteurs, de cette musique forte, omniprésente (et souvent assez pénible), des invraisemblances du scénario (la petite qui jamais ne pleure, le gamin qui n'est jamais impressionné par Michum et va jusqu'à le défendre à la fin...), la foule en délire : alors tout cela n'est peut-être qu'une manière de conte dont il faut accepter les conventions, mais je n'ai jamais réussi à y adhérer.
Il y a bien de jolis plans de nuit, assortis de cette présence animale témoin des folies des hommes (et qui nous ramène dans l'univers des contes, effectivement), mais l'ensemble est pour moi laborieux et poussif - et essentiellement très daté, ce qui empêche (en ce qui me concerne) tout enthousiasme. J'ai bien aimé le personnage de la bienfaitrice Miss Cooper, même son monologue de fin ne m'aura pas émue un seul instant.
Sans doute l'omniprésence aveuglante de la religion est-elle également un frein à mon adhésion : il me paraît en effet difficile de saisir une telle intrication de Dieu dans la société - je la comprends intellectuellement mais ça ne me touche pas du tout et j'ai même tendance à trouver ça ridicule aujourd'hui.
N'étant déjà pas, à priori, une grande amatrice de vieux films (exception faite d'Autant en emporte le vent et de Casablanca, réminiscences adolescentes), je dois bien avouer que je suis un peu échaudée par mes quelques incursions en la matière, même au beau milieu de ces chefs-d'oeuvre qui font consensus.