De toutes ses sœurs qui vivaient ici, elle est la seule avec mari. À vingt-cinq ans à peine, Layla est mariée de force à Boutros depuis huit ans et est la mère du petit Charles, six ans, qui ne quitte jamais ses jupons. Ses sœurs cadettes, Nada et Eva, condamnées aux mêmes traditions patriarcales, appréhendent cette vie de contrainte et de servilité qui les attend. En 1958, alors que le Liban est le théâtre d’affrontements violents entre les différentes communautés religieuses du pays, le village du Cheikh Daoud et sa famille dans les montagnes restent à l’abri des effusions. Le conflit qui bouillonne aux alentours de la capitale trouve cependant un écho dans le quotidien brimé des filles du cheikh. La préparation du mariage d’Eva coïncide avec l’arrivée dans le village du séduisant René et de sa mère Hélène, touristes français en quête d’authenticité dans l’arrière-pays libanais. Au milieu des somptueuses montagnes libanaises, Maryline Naaman porte à l’écran avec majesté un destin de femme qui se croyait résignée à la vie morne et docile d’épouse et de mère. Malgré toute l’étouffante puissance des traditions, le désir de liberté et d’indépendance de Layla et ses sœurs ne peut s’effacer sans bruit. Sous un soleil étincelant, le film de Carlos Chahine parvient à instaurer une tension lourde dans ce petit village reclus, condensé des fractures sociales et politiques qui ne finissent pas de se perpétuer au Liban.