Un diamant noir
James Gray est un auteur rare. Par son talent et son exigence, mais aussi concrètement par les délais entre ses films (cinq ans entre Little Odessa et The Yards, sept ans entre ce dernier et We own...
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le 13 mars 2011
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Je suis un admirateur de James Gray depuis que j'ai vu Little Oddessa, une magnifique fresque de la mafia américano-ukrainienne. Le troisième film du cinéaste originaire d'Ostropol fête désormais son quinzième anniversaire, et je le crois, s'impose comme un classique du polar mafieux. Une œuvre exigeante, précise et pétrie de qualités visuelles.
Porté par la performance majuscule d'un Joachim Phoenix au sommet de sa gloire, Bobby Green est une petite frappe du monde de la nuit ; le capitaine d'un repère festif, El Caribe, où la drogue, le crime et la prostitution imprègnent ce microcosme new-yorkais.
Ce n'est pas vraiment du goût du père (Robert Duvall) et du frère (Mark Wahlberg) de Bobby, des membres émérites de la police. Quand ils s'attaquent à son établissement, Bobby est tiraillé entre le devoir familial et sa réputation auprès de la mafia russe hébergée par El Caribe. Il ne faudra pas attendre longtemps avant que le drame cornélien ne s'abatte sur Bobby et qu'il choisisse la réconciliation avec sa famille. Une décision scénaristique qui tranche avec The Yards. Certains détracteurs diront que c'est une forme de plaidoyer pour la police, je crois tout le contraire.
Le propos de We Own The Night s'efforce de démontrer l'ironie d'une Street Crime Police empêtrée dans ses revers moraux et minée par la friabilité psychologique des personnages qui la composent. Dans ce film, la nuit n'appartient à personne. Pas même à Bobby, ce bon-vivant sombre dans la dépression à mesure que sa vocation de policier naît. Et c'est une scène charnière qui illustre cette vision désabusée de la lutte contre la criminalité : une scène de course-poursuite, dans le brouillard, où la figure paternelle mène un convoi qui s'enfonce dans la peur et dans l'inconnu ; une simple image d'un homme sortant son fusil à pompe, déformée par un voile de confusion, parvient à glacer le sang et à acter le propos du film. La justice se paye avec le plomb dans cette Amérique déprisée et il ne restera que les miettes pour Bobby.
Créée
le 23 juil. 2022
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