Adapté d'un best-seller dont je n'avais absolument jamais entendu parler, « Là où chantent les écrevisses » peut séduire par son classicisme bon teint, relativement sobre voire élégant, développant un léger charme suranné plutôt bienvenu. Cela se regarde sans déplaisir, le film trouvant un équilibre à peu près cohérent entre flashback et scènes de procès, le second étant une véritable spécialité américaine, ce qui se confirme ici bien qu'il n'y ait réellement aucun coup d'éclat ou rebondissements spectaculaires.
On peut être surpris du choix de la débutante Olivia Newman à la réalisation, l'ensemble restant sage, appliqué, scolaire, manquant de passion malgré sa relative fluidité narrative. Surtout, c'est ultra-méga-giga mélo, de ceux comme on n'ose plus en faire depuis des décennies. C'est à la fois sa force et sa limite. D'un côté, plutôt sympa de voir une assez belle histoire d'amour avec grands sentiments, évidemment contrariée par un élément perturbateur (et quelques caricatures en passant). De l'autre, difficile d'échapper à un côté légèrement cliché, certains échanges ne brillant pas franchement par leur originalité.
Pas vraiment « whodunit », le suspense tenant avant tout dans la culpabilité ou non de l'héroïne, le dénouement se fend toutefois d'un « twist » final presque attendu, laissant inutilement plusieurs questions en suspens. Heureusement, la prestation de Daisy Edgar-Jones, elle, ne souffre d'aucune contestation, notamment secondée par le toujours excellent David Strathairn, et ce bel éloge de la nature à travers la faune locale séduit (et quels beaux dessins!). Du bon et du moins bon, donc, dans cette adaptation ô combien classique, mais qui pourra plaire aux plus « romantico-indulgents » d'entre vous : pourquoi pas.