Proposant une histoire d'adultère entre un homme marié et une jeune hôtesse de l'air, La Peau Douce de François Truffaut laisse penser aux premiers abords que l'on va assister à un drame passionnel estampillé « Nouvelle Vague ». Pourtant, on est surpris lors du visionnage de découvrir que dans de nombreuses séquences, c'est un sentiment de suspense qui prédomine.
Ainsi, les moments où l'époux infidèle doit rejoindre son amante sont filmés comme une véritable source de tension, les deux individus devant prendre garde à ne pas se faire repérer ni à laisser d'indices qui pourraient révéler au grand jour leur relation. Ces péripéties feraient presque penser à un thriller hitchcockien et pour cause, Alfred Hitchcock est justement l'une des grandes sources d'inspiration de Truffaut. D'autant plus qu'à cette époque, 1964, Truffaut est en pleine écriture de son livre d'entretien avec Hitchcock, ce qui l'oblige à revisionner la quasi-totalité de l'oeuvre du cinéaste anglais (allant des films muets aux productions hollywoodiennes).
Il n'est donc pas étonnant que l'ombre d'Hitchcock plane sur La Peau douce, et ce jusqu'à la mise en scène et le montage, ce dernier étant bien plus rapide et découpé que les précédents films de Truffaut. Toutefois, le réalisateur français n'oublie pas d'apporter sa touche personnelle à l'édifice, de nombreuses scènes étant la transposition de situations qui lui sont personnellement arrivées (bien qu'il prétende le contraire en interview pour protéger sa vie privée). Ajoutons également que le personnage principal du film, critique littéraire et plus spécialement de Balzac, est un pendant de Truffaut qui fut lui-même critique de cinéma.
Le film flirte donc curieusement entre la Nouvelle Vague et le thriller hollywoodien, un mélange qui réapparaîtra d'ailleurs dans les films La Mariée était en noir et La Sirène du Mississippi. Il ne faut pas non plus oublier de mentionner la présence à l'écran de Françoise Dorléac, magnifique dans son rôle de jeune amante au comportement finalement assez trouble.