"Vif est le regret de la voie perdue sur l’incertain chemin du retour."
Mesdames et messieurs, je vous annonce solennellement que je viens de me prendre une bien jolie claque dans la figure !
« La petite Venise », premier film de fiction réalisé par l’italien Andrea Segre est un vrai bijou, encore une fois découvert grâce à l’excellente programmation d’Arte !
Le film dresse le portrait touchant de la relation naissante entre une chinoise venue travailler en Italie et un yougoslave installé depuis trente ans dans une petite ville environnant Venise. Shun Li et Bepi sont à la fois semblables et opposés, que ce soit en termes d’origine, d’âge, de sexe ou de croyances. Pourtant, une relation naturelle naît entre les deux individus. C’est grâce à cela que l’on se sent si concerné par cette histoire. L’amitié, puis l’amour s’immiscent entre les deux êtres sans que l’on s’en rende compte. Leurs échanges simplistes, leurs regards pleins de sens, leurs ballades dans la lagune vénitienne sont une merveille à la poésie infinie. Les longueurs magnifiques, couplées au jeu tout en subtilité de Zaho Tao et de Rade Serbedzija, contribuent également au rêve.
« La petite Venise » ne néglige malgré tout jamais la portée sociale de son sujet : les travailleurs chinois en Europe. Le personnage de Shun Li devient ainsi représentante de cette foule d’anonymes travaillant d’arrache-pied afin de ramener leurs proches près d’eux en Europe. Un quotidien difficile où les préjugés vont de pair avec le travail acharné.
Un film simple, un film engagé, un film beau, tout simplement.