Une peau contre la sienne
J'avais été très déçue en son temps par Etreintes brisées : l'histoire de ce réalisateur perdant la vue et l'amour de sa vie ne m'ayant pas du tout embarquée, sans doute parce-que les personnages manquaient cruellement de chair, alors sans vouloir faire de jeu de mots facile, cela ne risquait pas de m'arriver avec La Piel que habito !
Plus sérieusement j'ai retrouvé dans ce film l'Almodovar que j'aime, et les obsessions chères au cinéaste: transgression, transformisme, passion criminelle et jeux de miroirs où l'on est à la fois voyeur et complice de sa folie.
Antonio Banderas, tour à tour sensuel et glaçant incarne le brillant Docteur Ledgard, l'éminent chirurgien esthétique qui au mépris de toute éthique, va se livrer mû par l'amour et surtout la vengeance, à des expériences interdites, séquestrant et mutilant pour mieux recréer cet objet de désir et de souffrance, à l'image parfaite de la femme aimée et perdue.
Un film à l'esthétique maîtrisée et superbe porté par des interprètes, qui de Banderas à Marisa Paredes, gardienne douloureuse et secrète, confèrent à cette réalisation une intensité qui intrigue, fascine, et marque durablement.