Une horrible perfection dont on ne sort pas intact !

Comme toujours chez Almodovàr, il y a des femmes, beaucoup de femmes, des histoires compliquées, beaucoup d'histoires compliquées, des drames, beaucoup de drames. C'est tout ça qui fait l'histoire de "La piel que habito", film qui révèle toute sa saveur au fil des très beaux plans qui défilent sous nos yeux. Des plans portés par une musique très présente, tout autant que ses excellents acteurs (Marisa Paredes, qu'on ne se lasse pas de revoir film après film, un petit prodige, admirateur d'almodovar c'est d'ailleurs offert le luxe de cette actrice pour son tout premier film "Les yeux de sa mère" qu'on voit très bien lié au cinéma d'Almodovar rien que par son titre...).

C'est donc un film qui, bien qu'il semble s'éloigner du style habituel d'Almodovar, nous ramène, par son sujet- sa frêle et mince distinction entre le passage de l'homme à la femme, cette quête perpétuelle de la transformation sexuelle radicale qui semble hanter chacun des films d'Almodovar- à un Almodovar pure souche !

De morts en revenants (l'excellentissime Volver), des quêtes d'identité, amours impossibles en deuil extravaguant (son meilleur film, Tout sur ma mère, qu'il dédit d'ailleurs à toutes les femmes dans son générique de fin). Bref, chez Almodovar on est hanté par le passé, celui duquel on ne peut se débarrasser, des personnages hors normes qui vivent dans le monde réel mais semblent y être complètement étanche, l'ambiance semi huis clos de « La piel que habito » le transfigure très bien.

Puis, chez Almodovar, il y a la cruauté, celle qu'on voudrait se refuser à voir ailleurs mais qu'on accepte chez lui car elle est amenée au sein d'un scénario absolument impeccable, de scènes magnifiques, ça marche presque comme une catharsis.

Avec ce film, Almodovar quitte un peu les histoires déchirantes qui marquaient certains de ces films dont l'avant dernier "Etreintes brisées", même si, ici, on suit un homme, Antonio Banderas (autrefois acteur fétiche d'Almodovar qui revient se joindre à lui) mais cette homme agit sans réelle conscience, presque sous l'emprise d'une folie.

On aura le droit à l'habituelle scène d'explication qui nous fera réinterpréter toutes les images vues avant, puis à un retour dans le passé enfin pas tant que ça, Almodovar,peut-être dans le but de rendre son film encore plus surréaliste qu'il ne l'est déjà, place son présent dans notre avenir, en 2012.

Dans ce film, il y a donc toutes les recettes des films d'Almodovar, avec toujours une pointe d'humour même si celui-ci reste assez "cru" (on vous épargne les détails =D).

« La piel que habito », c'est donc l'histoire d'une transformation, celle qui s'opère à travers tout le cinéma d'Almodovar, une transformation liée à une histoire complexe qui nous transforme nous aussi le temps d'un film, notre esprit doit se plier aux lubies d"un réalisateur dont on ne percera surement jamais l'esprit, il ne vaut d'ailleurs mieux pas. Mais il est un de ceux qui savent explorer au plus fort toutes les folies qu'il y a en l'homme, une capacité à s'autodétruire, à subir, à se sauver mais aussi et surtout à vouloir toujours changer, que ce soit de peau ou par le refus sa douleur.

Quand la folie de l'homme est associée à l'art chirurgical, Almodovar n'a plus aucunes limites... Il n'y a presque jamais d'espoir chez ce réalisateur, (juste une forme d'apaisement mais toujours assez ambiguë) les plus optimistes auront peut-être vu celui qui se profil à la toute fin du film, celui où tout semble irréversible et pourtant...
eloch

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10
3

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