La Planète des singes par marchiavel
Difficile d'évaluer à sa juste valeur cette version Tim Burton de La Planète des Singes. Et ce d'autant plus que le film aura un impact beaucoup plus marquant sur un spectateur n'ayant pas vu l'original (les autres s'attendant d'une manière ou d'une autre à un twist à un moment ou à un autre).
D'un côté, cette version de 2001 a indéniablement moins de force que la version de Schaffner de 1968 qui avait tout du film culte (de la science-fiction efficace, des questions intéressantes sur l'espèce humaine et son évolution au regard des autres espèces animales, un twist final renversant, une subtile entrée en matière pleine de mystère pendant les trente premières minutes...). Mais d'un autre côté, le film de Burton a tout de même pour lui quelques atouts dans sa manche. Plutôt que de singer (il fallait la faire, forcément;;;;) la version de 1968, Burton s'est librement inspiré de la Planète des Singes (pour la première partie et le twist final) et du Secret de la Planète des Singes - sa suite- (pour sa seconde partie bien moins réussie qui lorgne sérieusement vers le peplum avec les légions simiesques qui partent en guerre contre les derniers hommes) pour en sortir un film plutôt original par rapport au cahier des charges initial: un peu comme si Burton avait mis tous les ingrédients dans la marmite... mais en changeant totalement la recette. Le fait que l'histoire ne se passe plus sur terre mais sur une autre planète (ce que pensaient justement les astronautes du film de 1968) en est un bon exemple. Le twist final renversé en est un autre.
Au final, on obtient un film somme toute efficace avec un prologue totalement inédit sur la station spatial Oberon... dont Burton a l'intelligence de se servir habilement pour faire un mini-twist dans la dernière partie du film (que cela soit avec la découverte de l'épave ou l'apparition du pseudo-Semios "venu des étoiles"). Mais le film de Burton a également conservé quelques défauts de son modèle: un parallélisme trop parfait entre la société des singes et la société humaine contemporaines(les singes jouent au basket ?!), des seconds rôles humains qui font tapisserie (Helena Bonham Carter -Ari- est tout aussi jolie que Linda Harrison -Nova- ... mais également quasiment tout aussi muette, une deuxième partie qui traîne un peu en longueur (le style western du premier film ayant ici été remplacé par le style peplum). Il ajoute également quelques nouveaux défauts et notamment une entrée en matière après le prologue suivant la crash de la capsule qui laisse peu de place au mystère (là où il se passait bien 20 à 30 minutes dans le premier film pour que les astronautes rencontrent les premiers hommes). Mais au moins, on a évité le plaidoyer un peu lourdingue de 1968 contre la bombe atomique, largement influencé par les mouvements pacifistes de l'époque.
Mais au final, on est loin de la bavure cinématographique que certains ont bien voulu décrire. Ceux ayant vu le fim original y trouveront un blockbuster efficace (bien que traînant un peu en longueur dans la dernière partie) avec nombre de clins d'oeil au film de Schaffner et une réappropriation intéressante des deux premiers films par Tim Burton... même s'il s'agit indéniablement d'une relecture beaucoup moins intéressante du point de vue "philosophique". Ceux qui découvriront cette histoire d'un oeil neuf en auront par contre largement pour leur argent et pourront se faire piéger par le twist final (certes plus prévisible, un peu trop téléphoné et moins marquent que l'original).
Ce n'est donc plus le film culte de 1967 que nous a concocté Tim Burton... mais sa relecture n'en reste pas moins efficace et plaisante à suivre tant pour les fans de la pentalogie originale que pour les nouveaux venus.
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