Trois ans après le reboot de la saga, voici donc le deuxième volet de cette nouvelle Planète des Singes "préquelisante" dopée aux CGI (vu leur exceptionnelle qualité, seuls les plus nostalgiques regretteront les costumes des années 60-70...). Aux commandes : Matt Reaves, réalisateur du sympathique Cloverfield et du remake appliqué mais sans génie de Morse, sublime film de vampire suédois. Il tient sans doute ici son premier "grand" film.
L'histoire démarre dix ans après les évènements de l'opus précédent, toujours à San Francisco. La ville n'est plus qu'une ruine et la "grippe simienne" a eu la peau de la plupart de ses habitants, excepté quelques centaines de survivants. Lors d'une expédition dans la forêt voisine, une poignée d'humains tombe sur une communauté de singes à l'intelligence améliorée (merci le virus). Ils tentent alors de négocier un accès au barrage qu'ils souhaitent redémarrer pour ré-alimenter la ville en électricité. La haine aveugle et la peur de quelques-uns - hommes ou singes - déclencheront finalement une guerre ouverte... (comment ça "spoiler" ? C'est dans le titre VF !)
Très vite, les scénaristes tempèrent l'apparente sauvagerie des singes en décrivant une société complexe où le respect du plus fort (le leader César, mélange de puissance brute, de charisme et de sagesse) n'empêche pas la curiosité intellectuelle, la transmission de connaissances (la fabrication d'objets, la langue des signes...) et de valeurs ("ape not kill ape", relations pères-fils...). Hommes et "singes évolués", êtres sensibles et versatiles, ont finalement plus de points communs que de différences, dans le meilleur comme dans le pire... Mais à force de vouloir insister sur la richesse psychologie des singes, les auteurs ont quelque peu négligé les personnages humains, assez transparents pour la plupart.
Graphiquement, l'extraordinaire boulot de Weta Digital n'a aucun mal à insuffler la vie aux chimpanzés, orangs-outans (Mauriiiice !) et autres gorilles motion-capturés, depuis leurs mouvements les plus acrobatiques jusqu'à leurs expressions faciales, souvent troublantes d'humanité. Une fois encore, Andy "Gollum" Serkis fait des miracles et livre une interprétation de César toute en nuances. C'était déjà une des forces du premier épisode, mais les enjeux dramatiques de cette deuxième partie sont d'une autre ampleur, avec toutes les résonances contemporaines qu'ils inspirent... Comment instaurer la confiance entre deux "peuples" ennemis ? Une cohabitation sera-t-elle jamais possible ? Un faux suspense pour ceux qui connaissent la péloche initiale de 1968 (ou le bouquin de Pierre Boule) mais qu'importe : c'est beau, poignant et épique, à l'image du superbe duel final. J'en dis pas plus.
Il sort quand le 3 ?
* http://youtu.be/hbYE7CTAvFY