Cette suite réalise l'exploit de refléter à travers les singes notre humanité et ses travers!
La réussite de "Dawn of the Planet of the Apes" n'est pas vraiment due à son histoire en tant que telle, mais principalement à la manière dont les scénaristes et le département des effets spéciaux s'y prennent pour refléter à travers les singes et leurs comportements notre humanité ainsi que ses travers!
Suite au déjà brillant "Rise of the Planet of the Apes", le réalisateur Matt Reeves récupère le flambeau et nous livre une suite tout aussi impressionnante et riche que son prédécesseur. En gardant la continuité avec le précédent film, "Dawn of the Planet of the Apes" parvient non seulement à nous offrir une suite efficace mais aussi à renouveler les thématiques et le sens du film. Alors que le premier épisode portait un regard sur l'humanité empêchant la nature de suivre son cours à trop vouloir la manipuler scientifiquement et la maltraiter ainsi que les conséquences de tels actes, cette suite se focalise désormais sur la société fondée par les singes, une société se voulant meilleure que l'humanité mais qui au final se révélera n'être qu'un miroir de celle-ci.
Alors qu'un virus s'est propagé à travers le monde, un groupe de résistants basés à San Francisco décide de réactiver l'électricité en se rendant de l'autre côté du Golden Gate Bridge. Là, ils vont rentrer en contact avec une population de singes menée par César, le protagoniste du premier épisode. Alors que les relations sont tendues, humains et singes vont tenter de collaborer dans une certaine entente. Mais peu à peu la situation va dégénérer alors que, de part et d'autres des deux clans, des signes d'hostilités s'affichent. Koba, un singe aveuglé par la maltraitance humaine dont il a été victime, se décide alors à prendre les choses en main pour renverser la race humaine qu'il considère comme un fléau!
En soi les thématiques abordées dans ce "Dawn of the Planet of the Apes" n'ont rien de nouveau. Le concept des "singes ne tuant pas les singes" comme règle de vie pour ne pas ressembler aux humains existait déjà dans l'ancienne saga adaptée de l'œuvre de Pierre Boule, et il en va de même pour l'opposition entre César et Koba comme deux conceptions différentes de la vie. César, conscient des défauts de l'humanité, fait de son mieux pour élever les singes vers un niveau de vie meilleur et en harmonie avec la nature, tandis que Koba, aveuglé par sa haine contre les humains, ne désire qu'anéantir cette espèce quels que soient les obstacles.
Cette opposition va d'ailleurs beaucoup plus loin car il s'agit là de deux regards différents sur la vie existant depuis des millénaires dans l'histoire humaine, tant réelle que fictive: l'opposition entre le bien et le mal mais pas que, l'opposition entre la protection du peuple et l'envie de pouvoir, la négociation et la manière forte, le "sans tuer" et le "par n'importe quel moyen"... La vision de Koba n'est pas sans nous rappeler celle de Stalin et son complot contre César nous renvoie directement à la conspiration portée contre Jules César. L'histoire de "Dawn of the Planet of the Apes" et la société des singes dans le film ne sont ni plus ni moins qu'un portrait de notre propre société, la retranscription à l'écran de cette notion d'éternel recommencement, de rivalité sans fin entre deux personnages, entre deux nations, entre deux visions. Le film est d'ailleurs une démonstration du 'comment' les choses peuvent dégénérer aussi facilement et aboutir à une rivalité, à une guerre... par manque de communication mais aussi par l'insubordination ou l'obstination d'un individu...
L'histoire de "Dawn of the Planet of the Apes" n'est pas une histoire imprévisible car c'est un conte séculaire que l'on peut retrouver dans pratiquement toutes les mythologies, les religions et même dans l'histoire elle-même. Le scénario suit une structure logique pour aboutir vers une fin inévitable, soit l'affrontement entre Koba et César, dont l'issue et les conséquences dépendront tout simplement du vainqueur. La réussite de ce film n'est pas vraiment due à son histoire, mais bien entendu à la manière dont les scénaristes s'y prennent pour refléter à travers les singes notre humanité et ses travers!
Dans cet ordre idée, il serait inconcevable de délaisser les effets spéciaux, car pour une fois le manque de réalisme dans les expressions et gestes des singes pourrait être fatal au film, étant donné que l'objectif est justement de les rendre plus "vrais" et plus "humains" ! Grâce à des effets spéciaux encore meilleurs que l'épisode précédent et une 3D à couper le souffle, le résultat est impressionnant. Le meilleur exemple de l'efficacité des effets spéciaux est tout simplement César sous les traits du fabuleux Andy Serkis, un leader charismatique qui impose le respect rien que par sa présence à l'écran.
Au final, malgré tous ces effets spéciaux, "Dawn of the Planet of the Apes" n'est pas comme la majorité des blockbusters actuels, à savoir un spectacle de divertissement. Il est, à l'image du tout premier "Planète des Singes" sorti en 1968, un film de science-fiction intelligent, exploitant le futur et cet univers de singes pour mieux illustrer le présent et l'humanité qui est la nôtre, adressant ainsi indirectement un message de paix et d'égalité entre les espèces et, tant qu'à faire, entre les races !