«La Planète des Singes : Suprématie» est la parfaite conclusion qu'on était en droit d'attendre. Je me remémore encore ce dernier plan magnifique empli d'espoir... quelle émotion de devoir faire ses adieux à une saga grandiose... Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de trilogies exceptionnelles comme celle-là qui puisse se vanter d'avoir proposé trois excellents films égaux en terme de qualité et qui se complètent entre eux. Ce dernier volet du reboot de la saga atteint le sommet que l'on peut atteindre en terme de blockbuster. Mais... en fait... je dirais que ce film n'est même pas un blockbuster. Il s'en différencie à chaque instant et tout porte à croire qu'il est tout à fait un anti-blockbuster : Suprématie est sombre, violent, émouvant et avec peu d'action. C'est pour ça qu'il est au sommet selon moi : il met clairement tous les autres blockbusters au tapis en terme d'ambiance, d'enjeux et ça change de voir un film grand public aussi sombre et intelligent.


Il y a tant de qualités à aborder sur ce troisième film que je ne sais pas où commencer. Quel plaisir de rédiger une critique sans savoir par où commencer tellement un film est riche.


Je commencerai par la principale qualité qui fait selon moi toute la force du film : la bande originale. C'est une excellente surprise à ce niveau. Je dois dire que c'est sûrement la première fois que je m'impressionnais de la qualité de la bande sonore à chaque instant. Quelle réussite! Face à cette grande musique je m'interrogeais sur l'identité du compositeur qui m'était inconnu durant le visionnage du film.
J'ai d'abord pensé qu'elle était composée par Rupert Gregson-Williams car certains thèmes me rappelaient fortement son travail sur Tu ne tueras point lors des scènes d'action, notamment lors de la scène dans le repère secret des singes. La composition lors de la bataille finale me rappelait également son travail sur Wonder Woman donc selon moi tout portait à croire que la musique était signée par lui. Ou par un compositeur que je n'avais pas reconnu ou encore un compositeur qui m'était inconnu.
Et là : Michael Giacchino. "Attend... qu...que...quoi?" fut ma première réaction. Je me suis impressionné en écoutant du Michael Giacchino, sérieusement? J'ai carrément halluciné car je n'aurai envisagé un seul instant qu'il soit derrière cette brillante musique et franchement rien ne laissait penser que c'était lui qu'il l'ait composée (hormis qu'il ait, c'est vrai, composé celle de L'affrontement).
Pour tout dire, Michael Giacchino n'est clairement pas le compositeur que j'affectionne particulièrement. Je trouve ses compositions classiques (dans le sens peu mémorable). Plus je découvre ses bandes originales et plus j'ai la malheureuse impression qu'il nous ressort toujours la même chose. Pas que ce soit mauvais loin de là mais toutes ses bandes originales se ressemblent (notamment ses compositions sur Jurassic World, Star Trek Sans Limites et Rogue One : A Star Wars Story).
Mais là je dois lui tirer mon chapeau car il a composé une bande originale mémorable et il s'éloigne enfin de ses précédentes compositions. C'est assurément sa meilleure composition depuis des années. Il opte ici pour de la rythmique la plupart du temps, des tambours pour créer du suspense et augmenter la gravité de certaines scènes (dans le repère des singes notamment) alors que ce n'est d'habitude pas du tout son style, optant plutôt pour des morceaux doux et peu agressifs. Pour Suprématie, c'est tout le contraire : agressif lorsqu'il le faut, sensationnel et émouvant... Rien que la bande originale est un argument pour aller le voir!


Un autre gros point fort, c'est la trame du récit. Comme dit ci-dessus le film s'éloigne complètement du schéma typique du blockbuster Hollywoodien traditionnel, à savoir introduire ses personnages et les développer durant une ou deux demi-heures puis balancer scène d'action sur scène d'action pour divertir un maximum le spectateur.
Ici, ce n'est absolument pas le cas. La scène d'introduction (qui m'a d'ailleurs donné des frissons, la musique y est encore pour quelque chose) est un trompe l'œil car le film s'attarde beaucoup plus sur l'approfondissement de ses personnages et sur le changement d'état d'esprit de César sur les humains. Dans les deux premiers, il croyait en eux et même durant le début de ce troisième film. Mais lorsqu'on fait face à la trahison ultime, il ne reste plus que la vengeance. Cette transformation en deuxième Koba est très intéressante et exploitée, on se rend véritablement compte que César est empli de rage.
Alors oui il y a de l'action mais Matt Reeves s'attarde plus sur le fond de son histoire et ne balance pas des scènes d'action inutiles. Elles servent à réguler le rythme et à augmenter crescendo le suspense et la tension pour le grand final explosif (autant au sens figuré qu'au sens propre) avec des effets spéciaux bluffants.


Effets spéciaux qui d'ailleurs relèvent plus que de l'excellence. La motion-capture, déjà excellente dans les deux premiers films, passe encore un cap dans le réalisme. Le travail fait autour des singes est véritablement à couper le souffle.
Déjà concernant Maurice qui est un personnage presque fascinant : c'est le singe le plus réaliste, de par son apparence et de par son comportement avec Nova, ce qui le rend réellement attachant. Mais il est vrai que le singe le plus brillant et impressionnant est sans conteste César. L'expression de son visage est exceptionnelle, encore plus vraie que celle d'un humain. C'est dingue qu'on puisse ressentir autant d'émotions juste en regardant une création numérique. Il n'y a strictement rien à redire sur la motion-capture : c'est fluide et franchement bien fait, encore mieux que dans les deux premiers. Andy Serkis est époustouflant dans son rôle de César, investi, et sa voix Française est également charismatique.


À côté il y a toujours les effets spéciaux de l'univers en lui-même, eux-aussi excellents. J'ai été étonné du réalisme des explosions lors de la grande bataille finale où le mur s'effondre. Également surpris par la qualité visuelle de l'avalanche, franchement réaliste. Non il n'y a pas à dire : aucun défaut au niveau des effets spéciaux.


Les relations entre les personnages sont également très réussies. César, Maurice, le Méchant Singe, Nova et Le Colonel, brillamment interprété par Woody Harrelson, sont tous des personnages attachants dans leur domaine.
Nova est sans doute le personnage le plus attachant de ce troisième film puisque c'est la seule humaine gentille en quelque sorte et le fait est qu'elle soit si jeune, seule et muette renforce notre attachement que l'on dégage vis-à-vis d'elle. C'est d'ailleurs une brillante idée d'avoir rajouter cette idée de virus qui atteint les humains et les dépossède de tout ce qui les rend justement humain. Cela débauche ainsi sur la mort du Colonel, bizarrement émouvante étant donné tout ce qu'il a fait subir à César. Mais ce qu'on apprend sur lui durant ses conversations nocturnes avec César, notamment la perte de son fils à cause de ce virus, le rend un minimum compréhensible.
Malgré toute sa rancœur, le fait que César refuse de le tuer le rend encore plus impressionnant. Il ne ressemblera décidément jamais à Koba qui voulait se venger à tous prix des humains, comme il avait essayé de le faire dans le précédent film. Cela rend donc étonnamment émouvant le suicide du Colonel qui est pourtant le méchant du film.


Je terminerais sur la fin du film qui clos selon moi en apothéose la saga d'une manière totalement sublime. On espère tout au fil du film que cette scène n'arrivera pas... mais hélas elle arrive lors de cette dernière séquence déchirante. César meurt dans un décor enneigé avec tous les Singes enfin réunis, libres, sous un ciel rose symbolisant selon moi l'espoir : l'espoir de la reconstruction et de la survie sur cette planète qui est devenue La Planète des Singes. Même en me disant que ce n'était qu'un film, je n'ai pas réussi à retenir mes larmes. Sa mort est brillamment mise en scène, on ressort du film complètement chamboulés par ce qu'on vient de voir.


Pour conclure, je résumerais le film par ces mots : époustouflant, sombre, sensationnel et émouvant. C'est très certainement le film de l'été et c'est un magnifique adieu à la saga. C'est intelligent, silencieux, ça montre plus que ça ne dit, ça prend son temps (c'est la seule chose qu'on peut lui reprocher si on ne s'y attend pas) et c'est un grand plaisir de suivre les dernières aventures des singes. Si vous avez aimé les personnages de «Les Origines», le développement et le rythme de «L'affrontement», vous adorerez à coup sûr l'extraordinaire final proposé par «Suprématie».


16/20

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le 18 juil. 2017

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Mick1048

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