La Planète des singes - Suprématie par Mia_Landa

C'est sans avoir vu les deux premiers opus de la saga que j'ai dû visionner ce dernier volet. De La Planète des Singes, je n'ai vu que le film de Tim Burton, autant vous dire que je ne suis pas une fan de la saga et que je n'ai pas les mêmes attentes que ceux qui ont pu voir l'original de 1968 et les films de 2011 et 2014. Mais on m'avait beaucoup vanté les mérites de Suprématie, ainsi que ceux des Origines et de l'Affrontement, c'est donc sans trop de craintes que je suis allée le voir. Et ce fut une déception.

Suprématie n'est pas un mauvais film, j'insiste là-dessus. Il a quelques atouts, mais surtout il n'a pas masses de défauts (quoique...). Le principal reproche que je pourrais lui faire, c'est qu'il m'a ennuyée. Beaucoup. J'aurais tendance à rejeter la faute sur un scénario efficace, mais pas adapté à l'épisode final d'une saga. Pour un dernier opus, j'ai trouvé ça plat. Et on va me dire "La Planète des Singes n'est pas un film d'action" et je répondrais que ce n'est pas une raison pour passer à côté d'un aspect "épique" qui s'adapterait parfaitement au film. "War for the Planet of the Apes", c'est ainsi que le film a été intitulé en version originale, or vous aurez beau chercher la guerre, vous ne la trouverez pas. Pas même une bataille, juste une fuite incessante. Cela dit le scénario reste bien construit (malgré quelques incohérences et facilités, mais je ne chipote pas, c'est pas mon genre), mais non adapté à l'histoire que j'aurais personnellement voulu voir à l'écran.

On me dira aussi que Suprématie est plein de sous-textes, de questionnements sur l'humain, et même de métaphore religieuse (eh oui), et je ne le nierai pas : le film transmet des messages. Tout d'abord, le fait de présenter à certains moments les hommes comme des bêtes sans cœur, dénués de sentiments, et les singes comme des êtres capables de réfléchir, de penser et de ressentir mieux que les humains eux-mêmes, cet aspect a su me convaincre malgré le caractère académique des messages qu'il fait passer. Il faut dire que de nos jours, difficile de trouver un sous-texte qu'on ne considérerait pas comme académique : le racisme, l'humanité et sa cruauté, les relations des humains entre eux, autant de sujets traités et retraités, mais que La Planète des Singes ne peut pas oublier de mentionner. Ce sont des messages qu'il est obligés de faire passer sous peine de se retrouver vide de sens. Je ne crache pas là-dessus. Puis vient la métaphore religieuse qui me laisse sceptique : je ne l'avais pas vue mais lorsqu'on la pointe du doigt elle parait assez évidente. Le principe est donc d'apparenter César à Moïse, et l'histoire fait le reste. Je ne suis pas particulièrement adepte des théories comme celle-là, des messages si bien dissimulés dans un film qu'il vous faut l'aide d'un spécialiste pour en comprendre le sens, car je considère qu'un film se doit d'être agréable tout d'abord, ce que Suprématie n'est pas vraiment pour moi. Nous sommes d'humbles spectateurs et nous jugeons avec les éléments que nous possédons, alors je ne porterais pas un film en triomphe parce qu'il comporte des métaphores religieuses et des sous-textes trop bien cachés (coucou Gravity).

Le visuel, en revanche, a su me convaincre. Il possède une beauté tranquille et apaisante, sublimée par une 3D procurant des effets de profondeur réussis et par une réalisation fluide. Les effets spéciaux sont un succès, les singes filmés en motion capture sont très réalistes, franchement rien à redire là-dessus. C'est le visuel qui nous offre les rares moments mémorables du film (notamment le plan final), ce que l'intrigue ne fait pas.

Quant aux personnages, ils sont diversifiés et je suis encore partagée. Tous les acteurs sont bons, particulièrement Andy Serkis, excellent dans la peau de César, et Woody Harrelson qui m'a agréablement surprise dans le rôle du principal antagoniste. Ce dernier nous offre le moment le plus intelligent du film sans doute, ce petit retournement de situation très bien présenté. César est un grand personnage auquel j'ai pu m'attacher même sans l'aide des précédents volets, un protagoniste fort et charismatique. Nova en revanche, m'a déplu : ce n'est pas tant le personnage en lui-même, c'est la façon dont on le traite qui m'a dérangée. Parce que de Nova, on ne sait rien, et on ne saura jamais rien, à croire que le personnage n'est là que pour faire avancer l'intrigue. Je trouve ça incorrect et facile de placer un protagoniste comme ça, sans rien expliquer, car non seulement il est impossible de s'y attacher mais en plus, on a la désagréable impression que cette gamine n'est là que pour générer des facilités scénaristiques, ce qui n'est pas forcément le cas. Bref, ça m'a dérangée.

J'ai conscience que je m'oppose à une opinion générale largement favorable, mais mon avis reste le même. Suprématie est porté par un scénario plutôt bon bien que prévisible, mais qui ne convient pas à l'histoire que je m'attendais à voir. Pour moi ça manque d'action et d'épique, et le film n'a pas su me toucher, peut-être parce que je n'ai pas vu les deux précédents opus. Les personnages ont, dans l'ensemble, su me convaincre, tout comme le visuel qui reste pour moi le principal atout du film. Dommage que Suprématie m'ait ennuyée à ce point, il n'en reste pas moins un bon film (bien que peu agréable à mon sens) chargé de messages forts. Je sais ce qu'il me reste à faire : visionner le film original, ainsi que les Origines et l'Affrontement, afin de déterminer si c'est Suprématie qui m'a déplu, ou bien l'univers entier.