Initiée en 1968, la saga de La Planète des singes renaît pour la deuxième fois sur les écrans de cinéma en 2011 avec Rise of the Planet of the Apes. Ce film est bien accueilli par la critique et par le public. Fort de ce succès le studio 20th Century Fox produit un autre film annoncé pour sortir en juillet 2014. Confiants en ce nouvel opus dénommé Dawn of the Planet of the Apes, les producteurs annoncent à la presse en janvier 2014 la mise en chantier d'un troisième et ultime volet.

Mark Bomback et Matt Reeves, respectivement scénariste et réalisateur du deuxième opus se mettent alors à réfléchir à des idées de scénario pour ce troisième opus. Les deux compères ont regardé beaucoup de films de guerre avant de commencer l’écriture. Notamment ceux des metteurs en scène américains des années 70. Après s’être abreuver de films, l’écriture peut commencer et les deux auteurs vont chercher avant tout à fusionner trois genres bien différents : les films bibliques, les westerns et bien évidement les films de guerre.

D'abord annoncé avec une date de sortie en juillet 2016, War for the Planet of the Apes est repoussé en juillet 2017.

Si il a toujours été au centre du dispositif qui fit de la saga une réussite, Andy Serkis devient ici le cœur palpitant de la narration, et donc l’unique ressort émotionnel. On ne doutait pas un instant de sa capacité à pousser plus loin encore l’interprétation de Caesar, mais force est de constater qu’il y parvient. D'ailleurs si la conclusion de cette trilogie parvient à nous émouvoir en profondeur, c'est sans doute grâce aux tours de force technologiques qui la rendent possible, mais leur réussite est avant tout à mettre au crédit de l'acteur, qui est parvenu à faire d'un artefact technique un véritable support artistique.

À la suite des meurtres de sa femme et de son fils ainé, Caesar bascule du côté de la haine et veut la mort du colonel McCullough. Hanté par son ancien conseiller Koba, il perd sa compassion envers les humains. Caesar ne souhaite plus que la vengeance. Il s'accroche alors fermement à la seule chose qui le maintient en vie. Mais il se bat surtout avec lui-même pour finalement retrouver sa compassion et son empathie. Il cherche aussi à sauver son âme. Il est testé comme jamais auparavant. Et par ses choix il devient une légende, un personnage mythique pour la civilisation simienne naissante. Il devient le Moïse de la mythologie des singes.

En effet comme Moïse, Caesar est enchaîné avec d'autres esclaves, les sort de l'esclavage pour traverser un désert pour aller jusqu'à une terre promise dont il ne profitera pas lui-même. Le scénario reprend ainsi les principaux moment du Livre de l'Exode : la contrainte par Pharaon aux Hébreux de construire des villes et de mourir à la peine, l'exode hors d'Égypte des Hébreux et la traversée du désert, la poursuite des captifs par Pharaon et le passage de la mer Rouge qui déferle sur le despote et l’efface avec son armée. Les Hommes sont les Égyptiens conduits par un Pharaon enivré de sa puissance et condamnés par Dieu : ils sont maudits et disparaissent de la surface de la Terre. Les singes sont le peuple élu à qui la terre revient. Pour atteindre la terre promise, ces héritiers de la planète doivent quitter les forêts et leur vie primitive de primates chasseurs-cueilleurs.

Le crucifiement de Caesar au milieu du camp où sont retenus les singes fait également référence à la crucifixion de Jésus et place Caesar comme la figure christique des singes. Le colonel McCullough devient par ce fait, le Pharaon ou le Ponce Pilate du film. Un colonel qui paraphrase même l’Évangile selon Jean quand il affirme avoir tué son fils pour sauver le monde.

Même si la dernière scène du film montre la mort de Caesar, même si il part, il est finalement heureux. Il a accompli ce qu'il voulait faire. Il a joué son rôle de dirigeant. Il a inspiré les singes qui peuvent désormais vivre pacifiquement sans lui. Caesar doit même rassurer son ami Maurice et lui dire que tout allait bien se passer car leur clan est uni et en lieu sûr.

Face à Caesar, le colonel McCullough interprété par un Woody Harrelson à deux doigts d’en faire trop. Treillis, tatouages païens, crâne rasé, lunettes noires même en pleine nuit sous la pluie : on l’aura bien compris, le colonel est aveuglé par la douleur et la haine. Et c’est à peu près tout. Devant une milice fascinée, il se répand en signes religieux usurpés et en harangues guerrières. Son but est simple et ne changera jamais : faire la guerre contre les hommes qui acceptent le déclin, et asservir les singes.

Déjà responsable de la musique de Dawn of the Planet of the Apes le compositeur Michael Giacchino retrouve pour la quatrième fois le réalisateur Matt Reeves. Il rend une nouvelle fois hommage à la bande originale signée par Jerry Goldsmith pour le premier film de 1968. Giacchino permet aussi à son fils de douze ans, Griffith, de composer le premier morceau de la bande originale.

War for the Planet of the Apes est visuellement époustouflant, émotionnellement puissant porté par la mise en scène de Matt Reeves, le jeu de Andy Serkis et le travail de Weta Digital. C’est indéniablement un grand film dont la solennité et la densité le place à la hauteur des grands films épiques dont il s’inspire.

StevenBen
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le 24 mai 2024

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Steven Benard

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