Ceci n'est pas pas une défaillance de votre ordinateur, n'essayez pas de régler l'image. Nous contrôlons vos horizontales et vos verticales, vous allez entrer dans un monde que vous ne soupçonnez pas. En effet, nous allons entrer dans le monde du cinéma d'animation français des années 1970
Un animé au style unique
J'ai vu la Planète Sauvage vraiment en néophyte. En effet, au niveau des meilleurs films d'animations français, je n'étais borné qu'aux habituels Astérix, à quelques productions récentes comme la Tortue Rouge et aussi au film culte, le Roi et l'Oiseau qui est pour le coup vraiment cool. Pour ce film réalisé par René Laloux d'après le livre Oms en série de Stefan Wul, c'est vraiment un film au style unique et assez atypique. Cela dit résolument bien fait. Les dessins sont enfantins mais vont avec un univers proche de ceux de Moebius (j'ai dit proche). L'animation est certes rigide mais on est paradoxalement investi par ce qu'on voit. C'est un animé qui intrigue et qui surprend dans le style d'animation. Tout est dans l'artistique et avec une atmosphère à la fois dérangeante et donne des allures de contes oniriques. C'est vraiment bien fait mais paradoxalement perturbant (le design, comment les personnages sont vêtus, l'univers même) Et c'est le but. On est dans sur une planète qui n'est pas la Terre et le film veut montrer une version différente de l'univers qu'on connaît. Et paradoxalement réussit son coup. On y croit malgré le faite que cela soit du papier prédécoupé. Il ne cherche pas à plaire à tout le monde mais à faire une œuvre artistique prenante et c'est cool. Quant aux personnages, On est sur du 50/50
La Planète des Aliens ?
Bizarrement, on ne connaît que très peu les personnages. On a bien Terr (Jean Valmont mort en 2014) qui est le héro. Il s'agit d'un Om recueilli par maitre Sinh (Jean Topart) qui l'a confié à Tiwa (Jennifer Drake). Le film a tout d'une chronique et ne développe pas plus que ça ses personnages. Terr a une évolution assez classique, passant de petit Om a figure héroïque pour son peuple, le faisant évoluer grâce à un serre-tête de connaissance alors que Maître Sinh est un Dragg assez ouvert et paternaliste pour sa fille Tiwa qui est à l'innocence. Les autres personnages ne sont que des fonctions, entre la love interest de Terr, les chefs de tribut et les autres Draggs. En même temps, cela va avec l'aspect chronique du film. Mais ça on va y venir.
Le savoir est le pouvoir
De tout évidence, on est dans un monde post-apocalyptique où l'humanité est dévastée et réduit à l'état sauvage. Ils vivent sur Ygam la planète des Draggs, des aliens bleus et géants possédant une société avancée et civilisée en terme de connaissance, mais qui les traitent en tant qu'animaux sauvages. A bien des égards, la Planète Sauvage est une version Alien de la Planète des Singes avec les mêmes problématiques et le même retournement de rapport de force. Les Hommes qui sont appelés Oms sont les dominés et les Draggs les dominants. Cependant, l'aspect chronique nous permet de voir comment fonctionne la société et comment les Oms sont devenus les opprimés. Bien qu'il n'exploite pas du tout le personnage de Tiwa après 3/4 h de films, il est clair que c'est Terr qui est au centre du l'histoire et dont on voit l'évolution : il passe d'animal de compagnie à jeune om qui permet l'évolution des oms, jusqu'à devenir un grand scientifique. Le film nous montre aussi que la connaissance des Draggs ont permis aux Oms devenir plus malin, plus dangereux et capable de rivaliser avec les aliens, alors que ses derniers les avaient sous - estimés et pris de hauts. Cependant, on voit que les Draggs ont reconnus le potentiel des Oms et le fait qu'ils peuvent être leur égale. A bien des égards, le film est une critique de la civilisation, mais aussi de certains systèmes inégalitaires avec les dominants et les dominés (ou même l'esclavage). Je n'ai pas lu Oms en série, ce qui fait que je ne peux pas vraiment lister les différences entre l'adaptation et le film. Si je dois reprocher quelques choses au niveaux de l'histoire, c'est son coté accéléré et sans transition du récit. Mais cela va avec l'aspect chronique qui est bien plus un constat du narrateur (ici Terr) sur l'évolution de la civilisation ou comment les Oms ont fini par se libérer et montrer qu'ils étaient une espèce digne d'être mieux perçu par les Draggs
France et S.F, une affaire qui marche
Ce film d'animation est très atypique et intéressant et montre qu'hier comme aujourd'hui, on est capable de faire de très bons films d'animations (en même temps, les mauvais films d'animations français sont quand même très rares). La Planète Sauvage est un film très intéressant qui déroute à la première vision mais qui au final marque bien.