Une femme avec son enfant dans les bras, tentant de fuir quelque chose, elle court. Une main bleue la ramène à la réalité, trois êtres étranges l'observent amusés. Dans la paume la femme n'est rien qu'une petite bête pas bien importante. Ils jouent avec elle un moment, mais elle tombe et elle meurt.
-Elle ne bouge plus! -dit l'un d'entre eux.
-C'est malin nous ne pourrons plus jouer avec elle maintenant! -réponds l'autre, furieux d'avoir perdu son jouet.
Un enfant reste seul face à ce terrible monde.
Ce qui est frappant dans cette première scène est purement narcissique, l'on se demande des deux d'entre eux, qui on est? Notre allure nous rapprocherait des martyrs, mais hélas notre comportement est tellement plus caractéristique de ces étranges personnages (un mélange entre Aquaman et Mystique), et ce n'est que le début de ce sentiment qui ne fera qu'accroître pendant tout le film. On se confronte à une dystopie où le destin a fini de moissonner la tempête qu'on n’arrête pas de semer.
Au fil du film nous traversons un monde qui nous est hostile, et tout en découvrant les coutumes, d'une poésie incroyable, on fait aussi face à sa nature terrible. Malgré ces divergences de première vue, Ygram prends de plus en plus un aspect terrien.
L’esthétique du film est merveilleuse, ses images dessinées à main et ses couleurs d'un ton nostalgique nous mènent dans une autre galaxie (c'est le cas de le dire!). Pourtant le mouvement semble un peu vide, pour nous petits terriens mal habitués aux super animations de Pixar et Disney.
Mais aussi la musique mets la barre haute, composée par Alain Goraguer, elle nous berce tout au fil du récit. Les différentes émotions qui nous viennent sont particulièrement dues à elle.
Cette animation aurait pu se limiter à adopter un point de vue simple, méchants/gentils, mais elle va bien plus loin que ça en nous montrant les défauts et les vertus des deux camps. Les hommes ne sont pas que des victimes, ils sont également des bourreaux entre eux, finalement le loup de l'homme ne sont pas les Draags, mais les hommes eux-mêmes.
Décidément, cette oeuvre m'aura bouleversé au même degré que "La ferme de animaux" de Georges Orwell ou bien encore "Farhenheit 451" de Ray Bradbury.
Un classique? Je n'en irais pas jusque là, s'il est vrai que ce film est unique (de par son histoire mais aussi sa réalisation, faite en Tchécoslovaquie en pleine guerre froide), La Planète Sauvage est une expérience à vivre plus qu'une obligation cinématographique.
ATTENTION DANGER: Ce film peut en une heure vous faire réfléchir à des choses que vous n'aviez même pas songé.