Je dirais que :
- J'ai trouvé le dessin majoritairement laid, triste, lugubre, sinistre. C'est surtout vrai pour les visages des personnages. Les lapins, la biquette, un oiseau, les peupliers au printemps (ou en été) sont réussis et plaisants à regarder, mais ce sont des images bien fugitives.
- L'animation n'est pas très réussie non plus : les personnages marchent lentement, maladroitement, leurs visages sont figés, manquent terriblement d'expression, ou ont des expressions exagérément dramatiques.
- L'histoire m'a semblé racontée de façon schématique, laborieuse, dispersée.
- Le bébé (rescapé de la Shoah) n'est pas assez exploité. J'aurais aimé le voir jouer (il n'y a qu'une toute petite scène où il s'amuse avec la chèvre), découvrir la nature, les fleurs, les oiseaux, les papillons, grandir, devenir une jolie petite fille puis jeune fille.
- Les péripéties sont presque toutes tristes, dramatiques, lugubres. Ainsi, un "gentil", l'homme au visage cassé se fait tuer puis évidemment bouffer par les corbeaux. Quant à la destinée de l'homme qui a jeté son bébé dans la neige par la "fenêtre" du train (espérant ainsi le sauver ou du moins lui donner une chance de l'être), elle est, pendant tout un temps du film, effroyable, avec un dessin terriblement appuyé (avec une petite scène qui décalque la toute dernière, magnifique, de Le Temps d'aimer et le Temps de mourir).
- C'est vrai que ça se termine mieux. Du coup , le dessin devient plus agréable (mais on est dans les 5 dernières minutes avant le générique final). J'ai quand même trouvé la morale de l'histoire assez lourdingue, assez bateau ("L'amour d'abord, surtout l'amour des enfants... Être humain, c'est être capable d'aimer" ou quelque chose comme ça), même si c'est le narrateur / Jean-Louis Trintignant qui l'exprime avec tout l'art qu'on lui connaît.
Je sais bien que c'est un conte dont le sujet est particulièrement grave, tragique et difficile, mais je n'ai pas pu m'empêcher de comparer La plus précieuse des marchandises (un bébé n'est d'ailleurs pas une marchandise !) au Robot sauvage de Chris Sanders vu récemment et... le film de Michel Hazanavicius m'a semblé beaucoup moins inspiré et réussi.
Je crois que c'est Michel Audiard qui disait : "Les cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît". Tant pis, j'assume mes dires, mon ressenti.