Grumberg choisit la fable et Hazanavicius l'animation pour aborder la dés.humanisation, et ainsi transcender les limites de sa représentation. La simplicité apparente de la forme, qu’il s’agisse de l'un ou de l'autre, décuple son impact sans jamais l'atténuer.
C'est sous les traits d'un conte que Grumberg choisit de ne jamais la nommer. Les trains, la forêt, et l'horreur des camps se transforment, dès lors, en symboles, dans une mécanique froide et implacable. Mais au milieu de cette barbarie industrielle, surgit un espoir : la plus précieuse des "marchandises", ce bébé, jeté hors d'un train, qui échappe à sa fatalité.
La narration et l'animation, à la fois universelle et intime, rappelle que l'horreur se heurte à la résistance silencieuse de pauvre bûcheron et de pauvre bûcheronne, dont le geste simple – recueillir cet enfant – devient un acte de rébellion contre l'inhumanité. Là où les bourreaux ont perdu toute âme, ils incarnent, tour à tour, la compassion, la dignité que rien, pas même la plus extrême des précarités, ne peut éteindre.
L’innocence du conte, traversée par la musique déchirante d'Alexandre Desplat et sublimée par le doublage vibrant d’émotion, bouleverse et percute.
Ainsi, Grumberg, Desplat, Hazanavicius et ses comédiens nous rappelle qu'il y a,
Des silences funèbres,
Des silences qui crient,
Mais aussi,
Des ombres qui brillent.