Dans la grande lignée des westerns démythificateurs, « La Poussière, la sueur et la poudre » est un beau spécimen. D'un réalisme à couper au couteau aussi bien dans le récit que dans les scènes d'action, le film a quelque chose de très sec le rendant très percutant, d'autant que derrière la caméra, Dick Richards fait tout pour renforcer ce sentiment. Mise en scène sobre et retenue, photo assez sale, décors ne vendant pas du rêve... Il n'y a aucune fausse note et on prend beaucoup d'intérêt à suivre ces aventures, à l'image de personnages beaucoup plus complexes qu'il n'y paraît. Il est rare de voir un tel soin apporté aux seconds rôles, remarquablement choisis physiquement et apportant de nouveaux enjeux à l'œuvre par leur étonnante diversité.
Leur opposition avec le Ben « Kid » Mockridge, jeune héros plein d'idéaux et totalement déconnecté de la dure réalité de l'Ouest, n'en est que plus intéressante, évitant intelligemment la caricature et donnant au film un côté « Blanche-Neige au Far-West » très bien rendu, marquant aussi (brutalement) la fin de l'innocence, voire de l'enfance. Le règlement de comptes final en est une parfaite illustration, à la fois très rapide et très long, mais rendant surtout avec beaucoup de force le propos de l'œuvre, violente et désabusée. Et si on lui préférera de justesse « Du sang dans la poussière » (déjà avec Gary Grimes), « La Poussière, la sueur et la poudre » n'en est pas moins une découverte aussi marquante qu'inattendue.