La prisonnière du désert est esthétiquement parfait, il s'agit sans aucun doute du plus abouti, en termes de réalisation, des films de John Ford. Je ne m'étendrai pas sur ce point, il y a déjà environ 50 critiques sur ce site qui détaillent ses qualités formelles.
Mais un film c'est aussi un scénario, et à ce niveau La prisonnière du désert ne mérite vraiment pas la belle unanimité dont il jouit.
Tout d'abord, la représentation des peuples natifs dans ce film m'a mis très mal à l'aise. Ce n'est pourtant vraiment pas mon habitude de juger une œuvre sur ce genre de choses (un film n'est pas supposé être un tract politique) mais ici le problème est tellement central à l'intrigue qu'on peut difficilement en faire abstraction. C'est d'autant plus embêtant que John Ford, qui était une personne profondément anti-raciste, nous avait habitué à mieux (en particulier dans Fort Apache), et on peut penser que c'est pour se "rattraper" d'avoir tourné La prisonnière du désert qu'il réalisera quelques années plus tard le superbe Cheyenne Autumn.
Mais le problème principal est qu'il n'y a vraiment pas grand chose dans le scénario de ce long film. Il est d'une pauvreté thématique rarement vue dans les westerns de John Ford, surtout si on le compare à ses chefs d’œuvre (puisqu'il est supposé en être un) que sont Stagecoach, Rio Grande ou L'homme qui tua Liberty Valance.