Le meilleur film qu'ait pu faire John Ford ? La meilleure performance de John Wayne ? Je ne peux décemment rien affirmer. Jusqu'ici, je n'avais vu que Les Raisins de la colère ; autant dire que c'est mon premier western par Ford...
Si je m'en tiens à cette oeuvre, il y a deux choses que je peux écrire sans retenue.
C'est l'une des plus belles ouvertures du cinéma qu'il m'a été possible de voir.
Et l'une des plus belles odyssées, et dans ce cas précis celle d'un désert ravageur.
Le film ouvre sa porte à un ex-soldat des États confédérés, et il la referme devant l'oncle de Debbie. Le même homme, la même gueule, mais des foutues valeurs qui s'entremêlent avec sa haine pour les tribus indiennes, avec ses liens du sang qui le poussent à sauver les siens plus que de dégainer son pistolet.
Je ne le dis qu'après plusieurs lignes, et pourtant c'est ce qui frappe le plus fort et immédiatement au visage du spectateur : le travail de photographie ; ce far west où le cadre de chaque dialogue et de chaque expédition à cheval est fourni(e) en détails, ça fourmille et ça donne un relief rarement égalé. Les images sont vraiment fantastiques, d'une beauté éclatante, à tel point que j'aurais aimé aller à Monument Valley et y retrouver le moindre rocher, et n'importe quel élément anodin...
Je ne m'attendais pas à une claque de ce niveau là. Parce qu'en plus d'être superbe dans sa forme, ça l'est dans le fond. Tragique, noir et complexe, il y a ce genre d'histoire qui donne une envie folle d'y revenir encore et encore pour étayer toujours plus notre point de vue, pour imprégner toujours plus nos yeux de ces contrées magiques. Des contrées qui n'ont pas fini d'occuper mes pensées pour les quelques jours à venir, tout autant que cette notion de '"bestialité" qui m'a frappé quand vient la scène de chasse, ou quand nos cowboys découvrent un animal mort.
La quête riche en pérégrinations d'Ethan et Martin c'est, au-delà de tout, deux caractères à l'opposé liés par une symbiose flamboyante...
...quoi que, Ethan a plutôt la trempe d'un bonhomme éternellement solitaire. Il est venu, il a vu, il a vaincu. Il est reparti comme il est venu. Ca ne l'a pas tout le temps arrangé, il n'a pas toujours été tendre, sa froideur n'est que le miroir d'une âme en errance, en méditation. Le prisonnier du désert, c'est lui.
Du grand art.